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INFO PARTENAIRE

Elections américaines : Biden 1 – Trump 0

Noyées dans un contexte économique pesant (inflation, banques centrales, risque de récession…), les élections de mi-mandat aux Etats-Unis sont « presque » passées inaperçues. Les implications économiques, et surtout politiques ne sont pourtant pas si anodines.

Les élections du 08 novembre ont mis en jeu un tiers des sièges au Sénat ainsi que la totalité des membres de la Chambre des représentants. Ces élections sont historiquement associées à un faible taux de participation, et la défaite quasi systématique du parti auquel appartient le président en exercice.

Au regard des dernières données disponibles, il apparaît toutefois que la « vague rouge » – large victoire des républicains attendue par les sondeurs – ne s’est pas matérialisée dans les urnes. Les démocrates (parti de Joe Biden) ont ainsi conservé le Sénat, tandis que la Chambre des représentants semble leur échapper dans un scrutin très serré.

Les républicains en ressortent par ailleurs affaiblis, notamment le camp Trump, dont plusieurs des candidats ont été désavoués. En outre, une lutte intestine au sein du parti Républicain se dessine désormais. Ron De Santis, réélu gouverneur de Floride, est le challenger le plus sérieux dans la course au représentant républicain pour la présidentielle de 2024, et s’avance face à Donald Trump. L'ex-président perd du terrain, et accumule également des affaires judiciaires susceptibles de le ralentir (perquisition du FBI à Mar-a-Lago…). Il devrait néanmoins se déclarer candidat le 15 novembre prochain, au cours d’une allocation prévue avant même les premiers résultats. A contrario, cette situation renforce la position de Joe Biden, qui souhaite se représenter en vue d’un second mandat.

D’un point de vue de la politique économique américaine, plusieurs conséquences à court terme peuvent être envisagées. Une Chambre des représentants, garante de la politique budgétaire, sous majorité républicaine devrait contrarier l’extension du niveau d’endettement des Etats-Unis et mettre la question du déficit au centre des débats. La secrétaire au trésor américain Janet Yellen a d’ores et déjà prévenu qu’un tel scénario nuirait à l’économie américaine ainsi qu’au bon fonctionnement des marchés financiers.

D’autre part, les aides financières à l’Ukraine pourraient également être questionnées. Concernant le Sénat, la configuration actuelle ne pourra remettre en cause les actions réalisées par le président Biden jusqu’à présent. Un gouvernement divisé devrait toutefois mener à un agenda législatif plus léger sur les deux prochaines années, synonyme de moins de régulation et de plans de soutien potentiels. Les relations internationales et géopolitiques, notamment avec la Chine demeureront en revanche un sujet central.

Du côté de la Fed, les implications en termes de politique monétaire semblent limitées à ce stade. Elle ne devrait ainsi pas dévier de sa lutte inconditionnelle contre l’inflation. Notons toutefois que l’incursion des républicains au sein de la Chambre devrait se traduire par une plus grande orthodoxie budgétaire, et par la même occasion freiner toute nouvelle pression inflationniste par ce canal.

Pour les marchés financiers, mis à part la levée de l’incertitude, ces évènements ne sont pas de nature à engendrer un changement de tendance majeur. Historiquement, les marchés d’actions tendent cependant, dans la plupart des cas, à afficher des performances positives post-élections. Cette fois-ci, d’autres faits d’actualités ont télescopé ces résultats. La bonne surprise sur le rapport d’inflation du mois d’octobre aux États-Unis a notamment engendré une session particulièrement positive jeudi dernier (+7,35 % sur le NASDAQ), s’offrant même l’une des meilleures réactions à un chiffre d’inflation depuis 2008.

Ces élections interviennent dans un contexte historique atypique. A court terme, l’attention se portera sur la question du déficit budgétaire. Les yeux seront ensuite rivés sur les élections présidentielles de 2024, dont la campagne dépendra sans doute en partie de l’évolution de l’économie américaine d’ici là.

Florent WABONT, Economiste