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Comme il y a 5 ans, l’élection présidentielle se jouera le 24 avril entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Après plusieurs années de crise, la société française est fracturée en deux blocs qui ne se parlent pas. On le sait, la question européenne est un marqueur fort entre les deux camps, mais la question du pouvoir d’achat semble être au cœur des préoccupations des Français.

Le spread France /Allemagne a fortement varié ces dernières semaines au gré de l’évolution des sondages, passant de 41 points de base fin mars à 55 points de base. Il s’établit à 50 points de base ce matin.

Contrairement à il y a 5 ans, le résultat demeure incertain au regard de la dislocation de l’échiquier politique, de l’abstention élevée et de la difficulté de cerner l’état de l’opinion avec une perte des repères partisans.

Au-delà de la France, l’envolée des prix des matières premières et de l’énergie, dont la guerre en Ukraine a accéléré et amplifié la tendance (plus d’inflation = moins de revenu réel) souligne la fragilité des économies dans le monde alors que la pandémie frappe de nouveau en Chine. Certains pays font face à des émeutes de la faim.

Les actions des Etats et des banques centrales en 2020 et 2021 avaient permis de juguler l’impact négatif du choc Covid. Avec une inflation hors de contrôle, notamment en raison des prix de l’énergie, les banques centrales ont acté la fin des politiques de soutien et procèdent, à leur rythme, à un resserrement monétaire. Les anticipations de hausse des taux sont particulièrement élevées aux Etats-Unis avec 9 hausses de 25 points de base attendues pour 2022 et 7 hausses de 10 points de base en Eurozone.

L’impact sur les taux d’intérêt est significatif et questionne sur la capacité des banques centrales, notamment aux Etats-Unis, à endiguer une récession en 2023. L’inversion de la courbe des taux américaine est d’ailleurs à souligner. A l’exception de la Chine, les taux d’intérêt progressent de manière généralisée : Bund +15 points de base, à 0,71 % ; T-Note +32 points de base, à 2,70 %. Le taux mortgage 30 ans s’établit à 4,72 %, niveau inégalé depuis 2018.

En Europe, la question de l’énergie est cruciale et un embargo sur le gaz russe provoquerait un choc sur les économies, notamment en Allemagne. Le consensus économique a d’ailleurs ajusté la prévision de croissance pour 2022 avec une baisse de 4,1 % à 2,2 % sur 4 mois. La France serait moins impactée, la prévision de croissance pour 2022 baissant de 4,0 % à 3,2 % sur 4 mois. On évoque un impact jusqu’à 3 points de PIB outre-Rhin si le gaz russe était abandonné. Mais c’est bien l’inflation qui inquiète avec une prévision réajustée à la hausse de 4 points, passant de 2,4 % à 6,4 % pour la zone Euro.

Dans ce contexte, les taux se tendent. Le taux US 10 ans se rapproche du taux de la Chine. Ces tensions pénalisent les valeurs de croissance les plus sensibles négativement aux taux d’intérêt. Le Nasdaq a d’ailleurs baissé de 3,9 % sur la semaine, sousperformant le Dow Jones, en retrait de 0,3 %.

On notera la surperfomance des valeurs défensives par rapport aux valeurs cycliques, ce qui traduit de fortes inquiétudes sur la résilience du cycle économique.

Avec l’intensification des combats sur le front est de l’Ukraine, la situation géopolitique devient encore plus tendue. Les incertitudes politiques en France, les publications de résultats des entreprises à venir et la confirmation des statistiques d’inflation en forte hausse laissent peu d’espoir pour une amélioration des marchés à court terme. A cet égard, la réunion de la BCE le 14 avril sera importante à suivre pour décrypter la communication sur l’ « exit strategy » du Quantitative easing au regard de la dégradation de la situation économique.

Olivier GUILLOU, Directeur de la gestion