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Controverses sur le greenwashing : quelle influence financière ?

Une étude de l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) conclut malheureusement qu’il n’y a pas d'impact mesurable des controverses liées au greenwashing sur les rendements boursiers et l'évaluation des entreprises.

Les entreprises ont un rôle clé et incontournable à jouer pour soutenir la transition vers une économie à faibles émissions carbone, en adaptant plus particulièrement leurs activités pour les rendre compatibles avec les objectifs de l'Accord de Paris.

On constate en conséquence que celles-ci s'efforcent d’améliorer leurs performances environnementales, par exemple en s'engageant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans le même temps, l'opinion publique s'inquiète de voir les entreprises se livrer à une information sélective tout en dissimulant leurs véritables performances environnementales, sociales ou de gouvernance (ESG). Cela conduit les consommateurs, les investisseurs et les régulateurs-superviseurs à investiguer pour évaluer si les engagements, les objectifs et les déclarations des entreprises en matière de développement durable se reflètent dans leur comportement.

L'un des obstacles à l'étude du greenwashing est l'absence d'une définition universellement acceptée. Les autorités européennes de surveillance ont cependant en ont cependant tenté une définition : « Une pratique dans laquelle les déclarations, les actions ou les communications liées à la durabilité ne reflètent pas clairement et équitablement le profil de durabilité sous-jacent d'une entité, d'un produit financier ou d'un service financier. Cette pratique peut induire en erreur les consommateurs, les investisseurs ou d'autres participants au marché. » (ESMA, 2023).

L'identification des controverses liées au greenwashing n'est pas simple, car ces dernières ont tendance à revêtir des significations différentes selon les parties prenantes. De plus, les controverses ESG fournissent des informations sur les perceptions du greenwashing, à distinguer des occurrences de greenwashing, ce qui ajoute à la subjectivité. Cela signifie que les controverses ESG ne fournissent pas nécessairement des informations fiables sur l'ampleur du phénomène. Cependant, les controverses liées au greenwashing sont importantes du point de vue de la protection des investisseurs, car elles peuvent entraîner des problèmes de réputation pour les entreprises concernées et influencer l'allocation des portefeuilles des investisseurs.

L’étude montre que la fréquence des controverses sur le greenwashing impliquant des entreprises européennes a augmenté entre 2020 et 2021 et concerne 32% de l'indice STOXX 600. Les allégations ont tendance à se concentrer sur quelques entreprises appartenant à trois secteurs principaux : l’industrie fossile, la finance et l’agroalimentaire.

La couverture croissante du greenwashing dans les médias soulève d'autres questions quant à l'impact financier potentiel sur les entreprises. Pour explorer cette question, l’étude examine spécifiquement les rendements des actions et les mesures d'évaluation des entreprises.

Dans l'ensemble, les résultats montrent que les controverses liées au greenwashing n'ont pas eu d'impact financier négatif clair et systématique sur les entreprises en 2020 et 2021, ce qui suggère que les investisseurs et les marchés n'y ont pas prêté une attention particulière. Toutefois, la dimension subjective des controverses ESG implique que ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Les niveaux croissants de contrôle public sur les informations liées à la durabilité soulignent également que les réactions des investisseurs et du marché aux controverses liées au greenwashing pourraient bien changer à l'avenir. Dans l'ensemble, les résultats de l’étude mettent en évidence l'absence d'un mécanisme efficace s’appuyant sur les réactions du marché pour aider à prévenir les comportements potentiels de greenwashing.

Cette conclusion décevante souligne l'importance d'une orientation politique claire de la part des régulateurs et des efforts déployés par les superviseurs pour garantir la crédibilité des informations liées au développement durable.

Contenu rédigé par François Lett, directeur du département éthique et solidaire chez Ecofi.