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INFO PARTENAIRE

« Black Friday » sur les marchés

Nous n’avons cessé de relever nos prévisions économiques au cours de l’année afin de mieux refléter l’évolution des indicateurs avancés, tout en insistant sur le fait que l’apparition d’un variant résistant aux vaccins actuels pouvait remettre en cause ce scénario.

Même s’il est trop tôt pour envisager une baisse de la dynamique de l’activité et des prix, les récents développements sur le plan sanitaire ne militent clairement pas dans le bon sens. Ainsi, avant même l’apparition d’une nouvelle souche très contagieuse en Afrique du Sud - la variante B.1.1.529 du virus ou variant Omicron - des pays comme l’Allemagne ou l’Autriche (confinement national d’au moins 20 jours) avaient déjà commencé à serrer la vis. Cela a plombé le moral des consommateurs comme l’a montré le nouveau recul de l’indice de la Commission européenne, passé de de -4,8 à -6,8 points en novembre, soit un plus bas niveau de 7 mois.

Dans ces conditions, sans attendre les résultats des études sur la dangerosité et la transmissibilité de ce nouveau variant, la trajectoire des indices boursiers a pris un tournant très négatif sur la journée de vendredi. On a ainsi vu le CAC 40 perdre 5,2 % (à 6 706 points) et le S&P 500 céder 2,3 % (à 4 594,62 points), protégé d’une correction plus importante par la séance écourtée pour cause de Thanksgiving.

Avant ce vendredi sanglant sur les places financières, l’inflation continuait de préoccuper les investisseurs. A ce propos, le procès-verbal de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) a montré que les membres de la Banque centrale américaine continuaient à mettre en avant des facteurs temporaires pour expliquer le niveau élevé des prix, tout en reconnaissant que ces tensions inflationnistes vont durer plus de temps que prévu. Cela s’est traduit en début de semaine par une forte appréciation des taux longs, renforcée par la reconduction pour un nouveau mandat de quatre ans du Président de la Fed Jerome Powell (perçu plus « hawkish* » que sa concurrente Lael Brainard, nommée Vice-présidente). Cette flambée des rendements s’est interrompue pour laisser place à un reflux généralisé. Au final, le rendement du T-Bond s’est déprécié de 7 points de base sur la semaine (à 1,4816 %), dont -12 points de base (pbs) juste pour la journée de vendredi. L’onde de choc du reflux de la courbe des taux aux Etats-Unis s’est répercutée sur les autres emprunts souverains à l’image de la France (-8 pbs pour l’OAT à 10 ans, à 0,032 %) ou de l’Allemagne (-9 pbs, à -0,338 % pour le Bund à 10 ans). Pourtant, la première économie de la zone Euro, handicapée par le disfonctionnement des chaînes d’approvisionnement, risque encore de voir les prix aller plus haut avec l’arrivée prochaine à la Chancellerie d’Olaf Scholz, compte tenu de l’importance des dépenses budgétaires contenues dans la plateforme de gouvernement signée entre le SPD, les libéraux du FDP et les Verts. L’enquête PMI composite du mois de novembre, qui a montré des composantes « prix » à des niveaux records, est très intéressante à ce sujet.

L’écroulement des rendements observé au cours de la semaine, en dépit des craintes d’inflation et des discours des banquiers centraux, montre que les investisseurs commencent à douter du calendrier des prochains recalibrages des politiques monétaires, notamment aux Etats-Unis. C’est peut-être ce qui explique la bonne tenue de l’euro (+0,02 % sur la semaine, dont +0,64 % rien que sur la journée de vendredi). La monnaie unique a aussi été soutenue par la publication de l’indice PMI composite, ressorti au-delà des attentes en novembre, passant de 54,2 à 55,8 points. Malgré cela, nous continuons de penser que la Fed ne changera pas son calendrier de réduction des achats d’actifs (« Tapering ») et après, dans la seconde partie de l’année 2022, sur le relèvement des taux directeurs. Cela dépendra toutefois de la dynamique du marché du travail. Pour cette raison, tous les regards seront dirigés vendredi sur le rapport d’emploi de novembre. Le consensus s’attend à ce que les effectifs salariés aient progressé de 475 000, ce qui porterait le taux de chômage à 4,6 % en cas de maintien du taux de participation, à 61,7 %. Les investisseurs garderont également un œil attentif sur le rapport d’inflation de novembre en zone Euro.

Karamo KABA, Directeur de la recherche économique