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3ème vague?

Alors que la France passe en mode confinement 3.0 dans 16 départements métropolitains, une lassitude s’installe. Aldous Huxley écrivait, “Qui contrôle le passé contrôle l’avenir.” On en est loin malheureusement !

L’hypothèse d’une sortie de crise au printemps, avec un rebond économique global, semble un objectif qui s’éloigne du fait de l’Europe continentale. Les cas élevés de contamination et la lenteur de la campagne de vaccination en Europe pourraient entraîner une réouverture tardive, mettant en danger un deuxième été - ce qui aggraverait la fracture Nord-Sud et pourrait déclencher un nouvel assouplissement des politiques monétaires et budgétaires (Banque centrale européenne - BCE, Union européenne - UE). A l’inverse, aux Etats-Unis, la dynamique positive s’installe et les perspectives économiques sont revues à la hausse, aidées par le plan de relance et l’accélération de la vaccination de masse (peut-être au détriment d’autres pays). Cette embellie est amenée à profiter également aux autres économies dans le monde. On estime à 0,5 point de pourcent le gain pour la zone Euro.

Dans cet environnement de reflation, les actifs risqués restent privilégiés alors que les taux d’intérêt remontent, particulièrement aux Etats-Unis. Face à cette remontée rapide des taux (le taux à 10 ans américain est passé de 0,91% fin 2020 à 1,72% le 19 mars, soit +10 points de base - pbs - sur la semaine), le discours de la Réserve fédérale était attendu. Son message n’a pas apporté de surprise, même si elle constate une amélioration des perspectives de croissance et valide une jauge d’inflation plus élevée, sans soulever d’inquiétudes particulières qui mettraient en danger la doctrine « lower for longer » compte tenu de sa stratégie basée sur une moyenne long terme. Néanmoins, une mesure technique sur les banques (fin d’exemption sur le calcul de levier financier) a pesé en fin de semaine. Les indices actions ont terminé en baisse sur la semaine (CAC40 : -0,8%). Le secteur de l’énergie a également connu un net repli sur la semaine (pétrole : -6,5%).

En dépit de la situation particulière en Europe, la dynamique positive mondiale emporte les indices à la hausse, aidés par une rotation sectorielle des secteurs « growth » vers les secteurs « value », des thématiques de « re-opening » et de croissance verte, en dépit de la forte volatilité sur ce segment. Même avec le soutien de la Réserve fédérale, la violente hausse des taux d’intérêt (le taux à 30 ans américain, à 2,43% le 19 mars, est au plus haut depuis novembre 2019) questionne sur la soutenabilité des perspectives boursières sur des considérations de valorisations absolues et relatives.
Les zones où le virus est sous contrôle ou dont la vaccination avance bien sont des repères pour les autres zones. C’est probablement une explication du décalage entre la réalité et la finance, et de la bonne orientation des bourses en Europe (EuroStoxx50 : +8% YTD). L’impact de la crise de la Covid-19 est pourtant perceptible sur les résultats des entreprises en Eurozone (39% de surprises positives sur les ventes mais 57% de surprises négatives sur les résultats).
Cet édifice repose sur la capacité des gouvernements à contenir (sans parler de diminuer) la diffusion du virus, à amplifier le taux de vaccination de la population et sur la capacité des banques centrales à contrôler la courbe des taux d’intérêt. Les marchés actions ne semblent pas inquiets de ces facteurs d’incertitude avec des indices Vix et VStoxx proches des points bas des niveaux d’indices au sommet de l’année.

Olivier GUILLOUDirecteur de la gestion