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INFO PARTENAIRE

A vos masques…

Après avoir longtemps résisté, le Président Trump s’est enfin résolu à porter un masque.

Il faut dire que sa ténacité à ne pas apparaître masqué commençait à heurter même chez ses plus fervents supporters avec la flambée d’Américains contaminés par le Coronavirus. La situation est devenue si délicate que le Docteur Fauci, patron du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), a recommandé une pause dans le processus de déconfinement. Pire même, l’immunologue, estimant que certains États s’étaient précipités dans leur stratégie de réouverture progressive de l’économie, commence maintenant à redouter un nouveau confinement. Si une telle anticipation s’avérait exacte, cela sauverait des vies mais les conséquences économiques seraient catastrophiques.

D’ailleurs, le rebond des indicateurs économiques entrevu sur la semaine avec notamment le bond de l’indice ISM non manufacturier (11,7 points, à 57,1 en juin), pourrait être de courte durée si l’on se fie aux déclarations du patron de la Fed d’Atlanta, Raphael Bostic, pour qui les données à haute fréquence sur la mobilité des ménages commencent à montrer des signaux de ralentissement. Cependant, même si la flambée actuelle est inquiétante, on imagine difficilement un confinement strict du sud et de l’ouest des Etats-Unis. En effet, une des leçons que l’on peut tirer de la « première vague » de la pandémie est que toutes les classes d’âge ne sont pas touchées de la même façon. Ainsi, dans la mesure où les statistiques ont montré que les personnes âgées de plus de 65 ans représentaient environ 90% des décès, il serait plus opportun de restreindre ces mesures de privation à cette classe d’âge tout en incitant les plus jeunes au respect de la distanciation physique et des règles d’hygiène.

C’est peut-être la raison pour laquelle les investisseurs n’ont pas cédé à la panique, aussi bien aux EtatsUnis (Nasdaq : + 4%, à 10 617,4 points ; S&P 500 : + 1,8%, à 3 185 points ; Dow Jones : +1,0%, à 26 075 points) que sur les autres places financières (MSCI Monde : +1,7%, à 541,8 points ; EuroStoxx 50 : + 0,2%, à 3 307 points). Un autre argument qui milite contre le scénario d’un confinement strict est la hausse phénoménale de l’endettement des Etats. Ainsi, pour combattre les effets apocalyptiques de la première vague de la pandémie, les gouvernements ont été peu regardants à la dépense. Cet activisme étatique s’est traduit par un envol de plus de 19 points de l’endettement mondial qui devrait atteindre le niveau record de 101,5% du PIB en 2020 selon le Fonds monétaire international (FMI), un effort qui pourrait être difficilement reproductible sans conséquences sur les marchés obligataires.

Cette crainte des déficits excessifs qui a propulsé l’or au-delà des 1 800 dollars par once n’a toutefois pas nui aux obligations souveraines. Ainsi, sur la semaine, le rendement du taux à 10 ans américain a cédé 2,4 points de base (pbs) pour finir à 0,64%. La même tendance a été observée en Europe (-4 pbs, à -0,44% pour le 10 ans allemand) où la hausse de l’aversion pour le risque n’a pas été préjudiciable aux pays périphériques (+0 pb, à 0,45%, pour le 10 ans portugais ; -2 pbs, à 0,43%, pour le 10 ans espagnol). Sur la scène des changes, l’euro a connu une nouvelle semaine de gain contre le dollar. La devise européenne a notamment été recherchée après le fort rebond des ventes au détail (+17,8% sur le mois de mai), notamment en France (25,6%), en Allemagne (+13,9%) et en Espagne (18%). Du fait de perspectives sanitaires préoccupantes aux Etats-Unis, le billet vert a cédé du terrain contre la plupart des devises (-0,57%, à 96,623 points).

Karamo Kaba, Directeur des études économiques