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Vale : « Errare humanum est, perseverare diabolicum »

Les premières conséquences financières et juridiques ne se sont pas fait attendre. En quelques jours la valeur boursière de Vale dévissait en bourse de 25%. 

Le 25 janvier dernier, un barrage minier de l'entreprise Vale au Brésil a rompu et provoqué une coulée de 11,7 millions de mètres cube d’eau et de terre souillée qui a dévasté la campagne brésilienne de Brumadinho située en contrebas, entraînant la mort de centaines de personnes, pour la plupart des employés de l’entreprise.

Vale est malheureusement un récidiviste : en 2015, la rupture du barrage de Samarco avait déjà causé des dégâts irrémédiables sur l’environnement et tué 19 personnes. Vale et son partenaire BHP avaient alors engagé 40 millions de dollars en dépenses de réparation. Dans les mines à ciel ouvert, l’un des principaux dangers est constitué par ces barrages retenant les boues de traitement des minerais. Les autorités de contrôle de l’Etat brésilien avaient diagnostiqué en 2015 que l’effondrement du barrage était vraisemblablement dû à la dissolution de sa structure composée de sable et de boue séchée par le liquide résiduel de traitement du minerai. Même si l’on sait que l’exploitation du charbon aux Etats-Unis occasionnait plus de 1000 morts par an au début du XXème siècle, et qu’en Chine, en 2002 par exemple, 7000 décès « officiels » ont été enregistrés dans les exploitations souterraines légales, cette catastrophe reste intolérable. D’ailleurs, après 2015, Vale avait adopté le slogan « Mariana, never again »… 

L'impact économique direct de la catastrophe est certes "limité" selon Moody’s, sachant que le site compte pour moins de 2% des 390 millions de tonnes de minerai de fer produites chaque année par Vale. Mais l’agence de notation financière s’attend à ce que la catastrophe "engendre des responsabilités environnementales, administratives, pénales et civiles représentant un risque sérieux pour la réputation du plus grand producteur de minerai de fer du monde". Les premières conséquences financières et juridiques ne se sont pas fait attendre. En quelques jours la valeur boursière de Vale dévissait en bourse de 25%, et près de 3 milliards d’euros étaient saisis sur ses comptes, au titre de la réparation. Trois de ses ingénieurs sont actuellement en détention préventive ainsi que deux autres de la société Tüv Süd, société allemande qui avait délivré un certificat de stabilité du barrage en septembre 2018. La firme a également promis près de 27000 dollars pour chaque famille de victime. Le 27 janvier le Conseil d’administration de Vale a décidé de suspendre toute rémunération variable pour les cadres du groupe ainsi que le versement de dividendes aux actionnaires.

La catastrophe va-t-elle changer la façon de produire de Vale ? Jusqu’à présent, l’entreprise ne souhaitait pas changer sa méthode d’extraction du fer, très génératrice de rejets miniers, malgré l’existence de solutions plus propres mais plus coûteuses. Mais c'est sans prendre en compte le coût des externalités négatives que sont la déforestation, la surveillance des barrages ou les conséquences humaines et environnementales d’une catastrophe. La promesse de Jair Bolsonaro d’ouvrir les terres autochtones à l’exploitation minière et d’assouplir la législation environnementale pour favoriser l’activité économique lors de la campagne présidentielle n’est guère rassurante. Cette catastrophe va conforter les investisseurs ISR sur la nécessité de prendre en compte les externalités dans l’évaluation des entreprises et d’engager un dialogue actionnarial actif pour exiger la certification des contrôles. Modestement, une solution adoptée par Ecofi Investissements est d’intégrer les controverses dans l’exclusion des entreprises aux comportements inadéquats. Cela est loin d’empêcher les catastrophes mais prévaut d’investir dans ce type d’entreprises.