Dans cet espace, la rédaction d’ID n’exerce pas de droit de regard sur les informations disponibles et ne saurait voir sa responsabilité engagée.
© Shutterstock / eamesBot
INFO PARTENAIRE

Une première en 11 ans : la Réserve Fédérale s’apprête à baisser ses taux.

Au final, le portrait global de l’économie américaine est plus qu’honorable, avec une croissance réelle au-dessus de son potentiel.

Les regards seront tous tournés cette semaine vers la réunion de politique monétaire (FOMC) de la Réserve Fédérale (Fed). Sans surprise, la Banque centrale américaine devrait annoncer une baisse de ses taux directeurs, la première depuis le mois de décembre 2008. En effet, depuis le dernier FOMC, neuf des dix membres votants du board de la Fed se sont publiquement exprimés et sept d’entre-deux ont clairement laissé entendre que l’institution monétaire passerait prochainement à l’action. Même le Président Powell, que l’on sait dovish*, a laissé entendre que les fortes créations d’emploi (+224 000 en juin) n’avaient pas modifié sa perception. L’incertitude aujourd’hui réside sur l’ampleur de cette détente, les investisseurs hésitant entre une diminution de 25 ou 50 points de base du taux (Fed), un mouvement qui devrait être suivi dans leur esprit par d’autres baisses d’ici la fin de cette année.

Nous continuons de penser qu’un tel rajustement de la part de la Fed est difficilement justifiable compte tenu de l’évolution des enquêtes économiques. D’ailleurs, la publication des comptes nationaux par le Bureau of Economic Analysis du deuxième trimestre a montré que l’économie américaine avait progressé à une vitesse plus élevée que celle attendue par le consensus des économistes (2,1% en rythme annualisé, contre une prévision du consensus de 1,8%). N’eut été la déception (attendue) des exportations, la progression du PIB aurait été encore plus importante. En effet, les fortes contributions de la consommation des ménages et des dépenses publiques ont permis de compenser la contribution négative de l’investissement résidentiel et des stocks.

Au final, le portrait global de l’économie américaine est plus qu’honorable, avec une croissance nominale à 4,6% en rythme annualisé et une croissance réelle (+2,6% en rythme annualisé au premier semestre) très au-dessus de son potentiel (2,1% selon le Congressional Budget Office). Cependant, cela ne devrait pas empêcher la Fed de détendre sa politique monétaire, sous la pression des marchés (pour justifier les valorisations élevées) et du Président Trump (pour faciliter sa réélection). Dans ces conditions, les investisseurs ont continué à prendre du risque, ce qui s’est traduit par une progression des indices actions (+1,26% pour le S&P 500, à 3 022 points) aux États-Unis et ailleurs dans le monde (+0,85% pour l’EuroStoxx 50, à 3 519 points).

Rien ne semble donc pouvoir remettre en cause la détermination de la Fed à réduire ses taux. Pourtant, le dollar s’est apprécié sur la semaine (+0,8%, à 98,1 points pour son taux de change effectif). L’euro (-0,8% à 1,11 dollar) a même connu un excès de faiblesse après la publication des indices PMI particulièrement inquiétants dans le secteur manufacturier. Le niveau de ces indicateurs avancés ne laisse entrevoir aucun rebond à court-terme, ce qui a obligé la Banque centrale européenne (BCE) à envisager de nouvelles mesures de stimulation monétaire dès le mois de septembre. Avant le changement de présidence, la BCE pourrait ainsi non seulement réduire le taux de dépôt (-10 points de base anticipé), introduire un système à palier (tiering) afin de limiter l’effet des taux négatifs pour les banques secondaires mais aussi reprendre ses achats de titres.

Les devises européennes ont aussi été tirées à la baisse par le plongeon de la livre (-1,2% contre le dollar) après l’arrivée aux affaires de Boris Johnson comme Premier ministre du Royaume-Uni. Celui qui se veut le chantre du Brexit devrait cependant avoir beaucoup de difficultés à faire sortir son pays de l’Union européenne le 31 octobre prochain. En guise de cadeau de bienvenue, la Chambre des Communes a voté une résolution qui oblige le Premier ministre à la consulter. Dans l’éventualité où ce dernier ne le ferait pas, il pourrait s’attirer les foudres de l’assemblée. En cas de vote de défiance, cela se traduira par un retour aux urnes, ce qui est le scénario le plus probable aujourd’hui.

*Dovish : prudent