80% de l’énergie consommée dans le monde est constituée de combustibles fossiles, d’où en découle une double contrainte : en amont, un stock limité de source d’énergie, et en aval, le produit de la combustion de ce stock fossile qui perturbe le climat. La limitation du stock va nous confronter à un pic puis un déclin de la production des énergies fossiles. L’enjeu climatique implique que le pc de production survienne plus tôt que ne le contraindrait la seule géologie, surtout pour le charbon.
Afin de s’assurer que le réchauffement climatique ne dépasse pas les limites considérées comme gérables pour une humanité de 8 à 10 milliards d’individus (soit 2°C d’augmentation par rapport au niveau préindustriel), il est fondamental de stabiliser la concentration atmosphérique en CO2 à environ 400 ppm (soit la concentration actuellement atteinte) et qu’elle ne dépasse jamais 450 ppm. Pour cela, il faut amorcer la baisse des émissions mondiales de gaz à effet de serre au plus vite, avant de diviser ces émissions par 2 comparé à 1990 d’ici 2050. En pratique, cela revient à n’extraire que le pétrole et le gaz déjà découverts, à limiter au plus vite l’usage du charbon aux installations munies de dispositifs de capture et de stockage, et surtout à ne plus rien émettre du tout après 2050.
« La méthode que nous voulons échafauder s’intéresse à l « économie concret : pas euros, croissance et dette, mais métiers, tonnes, et joules. Notre ambition est de rentrer dans un niveau de détail suffisamment clair pour être compris de tous, tout en étant assez précis pour avancer. Nous laissons délibérément la question des financements de côté. L’argent n’est presque plus un problème, au sens où partout dans le monde, il y’ a eu des programmes de création monétaire. La seule question qui compte est celle des moyens matériels et des compétences » explique Jean-Marc Jancovici.
Le think tank entend mobiliser un important panel de spécialistes pour élaborer ce plan autour de 15 secteurs parmi lesquels l’énergie, la mobilité, le logement ou encore l’enseignement. L’objectif est de respecter l’objectif de 2°C de l’Accord de Paris et de réduire chaque année les émissions de 4%.
Comment y parvenir ? la France s’est dotée d’une stratégie nationale bas-carbone. Cette stratégie est un exercice qui vise à orienter les décisions de l’exécutif à long terme : la pandémie du Covid-19 montre l’utilité d’un tel exercice. Mais à force de vouloir composer avec trop d’intérêts incapables de s’entendre sur les moyens d’un but commun, cette stratégie pour le Shift Project, n’a guère de stratégie que le nom. Une colonne vertébrale et un cœur lui font défaut, ce à quoi veut remédier l’association.
Pour élaborer une méthode d’une transformation de l’économe française, deux équipes ont été constituées. La première proposera notamment des contreparties « décarbonantes » aux aides de l’Etat dans la crise du Covid-19, détaillées par filière, par territoire ou par acteur, tandis que la seconde décrira les possibilités de transformation concrète de chaque secteur, en termes d’emploi et de besoins de formation, d’organisation et de flux physiques.
Les principaux axes transversaux étudiés seront le climat et la dépendance aux énergies fossiles, l’emploi et la croissance, la résilience des catégories sociales, la solidarité face aux chocs exogènes, la biodiversité et les écosystèmes, et les ressources et usages de l’eau. Pour mobiliser ces ressources techniques, le think thank lance en parallèle une campagne de crowdfunding. Le chantier du Shift Projetc tank vise à aboutir à ce que chacun des organes de la société fonctionne en recherchant une sobriété optimale le de matière et d’énergies. Se transformer donc, en une économie économie.
Francois LETTE, Directeur du developpement éthique et solidaire
