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INFO PARTENAIRE

Prévenir les risques liés à l’érosion du littoral

L’interface à la fois fragile et essentielle entre la zone maritime et l’intérieur des terres constitue ce qu’on appelle le littoral.

Il est victime de nombreuses pressions naturelles et anthropiques qui se traduisent par deux phénomènes concomitants : l’érosion côtière et la submersion maritime. Par exemple, à Wissant, dans le Pas-de-Calais, la tempête Ciara de février 2020 a accéléré l’érosion de la dune qui a reculé de 30 mètres en un an. L’élévation du niveau des mers dans un contexte d’urbanisation toujours plus forte des littoraux rappelle la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des mesures d’adaptation de ces territoires.

Dans sa nouvelle étude publiée en mai 2020, « L’adaptation au changement climatique sur le littoral », la Fabrique Écologique, fondation pluraliste de l’écologie, appelle à de nouveaux partenariats entre l’État et les collectivités locales sur la gestion des risques liés à l’érosion. Elle suggère de renforcer le rôle de l’État dans l’élaboration des Plans de prévention des risques (PPR), afin de contrecarrer la prolifération de nouvelles constructions à risque sur le littoral français. A ce jour, de nombreux territoires vulnérables aux risques littoraux ne sont toujours pas dotés de PPR. Le groupe de travail appelle l’État à interdire les constructions dans les zones jugées à risque et à imposer des mesures de réduction de vulnérabilité pour les bâtiments déjà construits.

« Le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) estime qu’entre 5 000 et 50 000 logements seront concernés d’ici 2100 par le recul des côtes, pour une valeur comprise entre 0,8 et 8 milliards d’euros » rappelle Jill Madelenat, présidente du groupe de travail à l’origine de cette étude. Il faudrait également ajouter dans la facture les activités économiques et les réseaux d’eau, d’électricité et de transports potentiellement définitivement submergés. Pour y réussir, la Fondation préconise la « gestion adaptative ».

« Nous recommandons de développer l’expérimentation pour faciliter la réalisation de projets pilotes de relocalisation des activités et des biens » évoque Jill Madelenat. Cela permettra d’accompagner financièrement la relocalisation des biens et des activités dans les territoires confrontés au recul des côtes. Le besoin de financements est un point crucial des questions de relocalisation. Elle nécessite des financements pour indemniser les propriétaires qui partiraient des zones menacées pour acquérir du foncier et relocaliser l’ensemble des activités menacées.

La Fabrique Écologique distingue, d’une part, le financement sur le long terme de l’adaptation à la montée du niveau de la mer, notamment par la protection spatiale (via des stratégies locales de gestion et des programmes d’actions associés) et, d’autre part, les besoins de financement de court terme pour l’indemnisation en urgence de propriétaires ayant été victimes d’une accélération brutale du recul des côtes ou d’une submersion marine. La Fondation préconise la création d’un Fonds pour l’aide à la recomposition littorale (FARL) qui s’appuierait sur une solidarité territoriale. Pour les mesures d’urgence, le fonds qui indemnise aujourd’hui les victimes de catastrophes naturelles est le fonds Barnier.

Si les risques naturels éligibles comprennent la submersion marine, les inondations et les mouvements de terrain, l’érosion côtière n’en fait pas partie. La Fabrique Écologique propose donc d’ouvrir le fonds à l’indemnisation des victimes de l’érosion brutale. A l’heure actuelle, le fonds Barnier indemnise les biens menacés dans les situations éligibles à la valeur marchande du bien sans prise en compte des risques. La Fabrique Écologique recommande d’y introduire des critères d’équité. Ils se fonderaient sur le statut de la résidence (principale ou secondaire), complétés par des critères de revenus ou prenant en compte la vulnérabilité sociale des personnes.

François LETT, Directeur du développement éthique et solidaire