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"Oil en stock"

Pendant longtemps, les économistes se sont demandés à quoi pouvait ressembler la "Grande Dépression" des années 1930. Avec le "Grand Confinement" de l'année 2020, ils sont plus que servis par l'actualité avec les graves dérèglements du système économique.

Ainsi, alors que nous nous sommes habitués à des taux d'intérêt négatifs, notamment en Europe, c'est désormais de l'autre côté de l'Atlantique qu'il va falloir se familiariser avec des prix du pétrole négatif.

En effet, confrontés à un excès d’offre de pétrole et à des capacités de stockage au taquet, les cours de l’or noir sont passés en territoire négatif, à -37,63 dollars pour le contrat arrivant à échéance en mai. Plus qu’un simple ajustement technique, cette première historique est le reflet des difficultés du secteur pétrolier depuis l’écroulement de la demande et l’impossibilité des producteurs à s’accorder sur une baisse crédible de leur production. Ainsi, même si les prochaines échéances des contrats à terme anticipent un rebond des cours de l’or noir, le pire est loin d’être passé. En effet, pour voir le pétrole repasser au-dessus de 30 dollars, il faudra attendre février 2021 selon les contrats futurs.

Or, en dessous de ce seuil souvent considéré comme un point mort, la rentabilité de plusieurs acteurs est loin d’être assurée. D’où l’annonce d’un plan d’aide communiqué par l’Administration Trump aux acteurs du secteur de l’énergie, traditionnels soutiens du camp Républicain. Cependant, quelle que soit l’ampleur de ce plan – dont les contours n’ont pas été dévoilés – un rebond durable du pétrole passe forcément par un redémarrage de l’économie.

Et comme il fallait s’y attendre, un nouveau plan de relance de 500 milliards de dollars a été voté par le Sénat pour combattre les effets du Covid- 19, dont 320 Mds $ affectés pour les PME américaines. Cela a participé, avec la remontée des cours de pétrole, au retour au calme sur les marchés. Cela n’a toutefois pas été suffisant pour effacer toutes les pertes. Au final, sur la semaine, les places boursières ont fini dans le rouge (MSCI Monde : -1,6% , à 472,6 points), handicapées par les reculs des indices américains (Dow Jones : -1.9%, à 23 775,3 points) et européens (IBEX : -3,8%, à 6 613,9 points – CAC 40 : -2 ,35%, à 4 393,3 points).

Il faudra s’attendre à d’autres mesures de stimulations aux Etats-Unis, surtout après la nouvelle flambée de 4 427 000 inscriptions au chômage, ce qui porte le total à près de 26, 5 millions en cumul sur cinq semaines. A cette donnée se sont ajoutées d’autres enquêtes, décevantes, sans précèdent, comme l’a montré le plongeon de l’indice PMI composite de la zone Euro (-16,2 points à 13,5 en avril) plombé par les services, passé de 26,4 en mars à 11,7 points en avril, et surtout par l’industrie, passé de 38,5 en mars à 18, 4 points en avril.

Cela a soutenu l’aversion pour le risque et poussé les investisseurs à rechercher les titres de l’Etat américain (-4 points de base –pbs- à 0,6% pour le taux à 10 ans) au détriment des actifs européens   (-0,1 point de base, à -0,47 % en Allemagne).  Le spread par rapport à l’Allemagne s’est élargi avec l’Italie (+4,6 pbs, à 1,8 %) et l’Espagne (+13,6 pbs, à 0,95 % ) sur les craintes de dégradations de l’Italie et de la Grèce par les agences de notation. La note de l’Italie a finalement été maintenue par S&P mas reste assortie d’une perspective négative.

La hausse de la volatilité a aidé le dollar qui a regagné du terrain contre la plupart des devises (+0,6% à 100, 38 points), surtout contre les devises liées aux matières premières. La dépréciation la plus forte a été observée sur les real brésilien (-6,3 % contre le dollar) pénalisé par la crise politique qui semble se profiler après la démission du ministre de la Justice.

Karamo Kaba, Directeur des études économiques