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Nouveau rallye obligataire

Il n’y a rien de pire sur les marchés financiers que l’incertitude qui − par définition − correspond à ce qui ne peut pas se probabiliser. De ce fait, incapables d'évaluer l'ampleur d’une épidémie désormais qualifiée d’« urgence de santé publique de portée internationale » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les investisseurs ont fortement réduit la voilure. Dans un contexte de forte aversion au risque, matérialisée par le nouveau niveau de l’indice Vix (+4,28 sur la semaine, à 18,8%), le rallye obligataire s’est poursuivi au détriment des actions.

En effet, la panique semble avoir pris le dessus. Les places financières ont nettement marqué le coup après la révision à la hausse du nombre de cas en Chine. Ce n’est donc pas une surprise si les secteurs les plus exposés à l’Empire du Milieu ont été les plus affectés. Même l’accalmie apportée par les bons résultats d’entreprises n’a pas suffi à mettre fin à ce qui pouvait s’apparenter parfois à des séances de capitulation. Au final, les places financières ont toutes cédé du terrain, à l’image du Dow Jones qui a connu de forts dégagements (-2,5% à 28 264 points). Les indices européens (EuroStoxx 50 : -3,7%, à 3 641 points) ont été encore plus dans le rouge du fait d’une plus forte dépendance des valeurs du Vieux continent à l’économie chinoise.

Les emprunts d’Etat ont été particulièrement recherchés, ce qui a facilité à nouveau un rallye obligataire. Ainsi, les rendements des taux à 10 ans aux Etats-Unis et en Allemagne ont chuté (respectivement de 17 points de base, à 1,51%, et de 11 points de base, à -0,48%). Il faut dire que la publication des comptes nationaux du quatrième trimestre dans la zone Euro n’a pas de quoi rassurer. En effet, le rythme de progression du PIB est ressorti à 0,1% au 4ème trimestre 2019, soit à peine 1% sur l’ensemble de l’année 2019.

La grosse surprise est venue de la France qui a vu son PIB reculer (-0,1% sur le 4ème trimestre 2019, soit 1,2% sur l’année 2019).

Cette piètre performance peut s’expliquer par un contexte international moins porteur, ce qui a valu au solde commercial d’apporter une contribution négative à la croissance sur l'année. Mais l’essentiel de la contraction est imputable avant tout à un énorme déstockage (-0,4 point, après -0,1 point) probablement du fait des grèves.

Dans ces conditions, avec un acquis de croissance d’à peine 0,2%, il faudrait que l’économie française progresse d’environ de 0,4% par trimestre en 2020 pour atteindre la prévision de 1,3% du gouvernement pour l’année. Or, à moins d’une relance budgétaire, il sera extrêmement difficile d’atteindre cet objectif. Cela veut dire que le déficit et la dette pourraient encore continuer à progresser, ce qui ne manquera pas de faire réagir la Commission européenne qui avait déjà épinglé précédemment sa trajectoire budgétaire, tout comme celle de l’Italie.

Le dollar a mis fin à plusieurs séances d’appréciation (-0,5% pour son taux de change effectif), peut-être affaibli par les propos de Jerome Powell qui a confirmé que le gonflement du bilan de la Réserve fédérale (Fed) allait encore se poursuivre. L’euro en a profité (+0,63% à 1,10909 dollar) sans pour autant surperformer la livre (+1,03%, à 1,31770 dollar). La monnaie britannique a profité du statu quo de la Banque d’Angleterre, une décision qui a pris à revers les investisseurs qui s’attendaient à une baisse de ses taux lors de sa réunion de politique monétaire. La livre a aussi bénéficié de la sortie officielle du Royaume-Uni après plusieurs mois d’incertitude.