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INFO PARTENAIRE

Mauvaise passe pour les échanges commerciaux

L’embellie du commerce extérieur, aperçue en début d’année, n’a pas fait long feu au premier trimestre.

Les enquêtes publiées récemment ont surpris par leur vigueur, à tel point qu’on peut se demander si la tonalité négative du discours des économistes est justifiée. En effet, après avoir battu les attentes du consensus avec une forte croissance au premier trimestre (+3,2% en rythme annualisé), voici que les créations d’emploi se mettent elles aussi à ressortir très au-delà des prévisions. Le Rapport d’emplois du mois de mars 2019 a ainsi montré que les effectifs salariés non agricoles avaient progressé (+263 000), au-dessus des 190 000 attendus par le consensus.

Comme les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules pour les investisseurs, les chiffres des mois précédents ont été révisés à la hausse de 16 000 unités et les salaires ont cessé leur accélération (+0,2% sur le mois, soit un glissement annuel de +3,2%). Cette modération des salaires est arrivée à un moment où les marchés avaient surtout retenu du discours de Jay Powell la semaine dernière ses craintes quant à une prochaine remontée de l’inflation. Cependant, dans la mesure où les gains de productivité se sont fortement accélérés au premier trimestre (+3,6% en rythme annualisé) – résultat d’une progression plus rapide de la production (+4,1%) par rapport au nombre d’heures travaillées (+0,5%) – le scénario d’une dégradation des marges a un peu pris du plomb dans l’aile. Cela a rassuré les investisseurs qui ont privilégié les actifs risqués. L’indice S&P 500 s’est ainsi apprécié sur la semaine (0,20% à 2 946 points) surperformant une nouvelle fois l’Euro Stoxx 50 (0,06% à 3 502 points). Les pays émergents (+0,4%) ont donc surperformé le monde avancé (+0,18%). Cela a aussi permis de mettre en arrière-plan, pour le moment, toute la cohorte de mauvais indicateurs économiques.

L’embellie du commerce extérieur, aperçue en début d’année, n’a pas fait long feu au premier trimestre. Cette nouvelle contraction du volume des échanges mondiaux est inquiétante dans la mesure où il faut remonter à la grande récession de 2008-2009 pour retrouver si une si piètre performance. Et ce n’est pas la décision du Président Trump de relever, dès ce vendredi, les taxes douanières – de 10% à 25% sur 200 milliards de dollars d’importations chinoises – qui va arranger les choses.

Nous continuons pour notre part à rester prudents et croyons à une poursuite du ralentissement de l’activité. C’est d’ailleurs le scénario que semble retenir la Réserve Fédérale si l’on se fie aux commentaires de son président. Même si l’institution monétaire a sans doute fermé la porte à des baisses de taux en 2019, elle s’est montrée déçue par l’évolution des dépenses de consommation des ménages et des investissements des entreprises. Le ton dovish de la Réserve Fédérale a modéré la hausse des taux longs. Le rendement du taux à 10 ans a terminé la semaine en hausse de 3 points de base (pdb), à 2,53%. La tendance haussière des taux a aussi été observée en Europe, notamment en Allemagne (+5 pdb à 0,02%) et en France (+2 pdb à 0,37%). Mais c’est au Royaume-Uni que la hausse a été la plus forte (+8 pdb à 1,22%). La sous-performance des taux anglais s’explique par l’incertitude qui continue de régner sur le front du Brexit.

Alors que le Royaume-Uni se dirige tout droit vers les élections européennes sans qu’on n’y fasse campagne, nous avons appris que le Brexit Party de Nigel Farage était en tête des intentions de vote et surtout que les discussions entre la Première ministre Theresa May et l’opposition travailliste n’avaient pas suffisamment avancé pour parvenir à un accord de sortie négocié avec l’Union Européenne.