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Malgré le protectionnisme, un sentiment positif

En affaires comme en politique, il est commun de dire qu’il n’y a pas d’amitiés mais seulement des intérêts. Cette maxime, rendue célèbre par Lord Palmerston, premier ministre sous le règne de la Reine Victoria, n’a pas pris une ride depuis 1848.

En effet, après avoir vanté ses (bonnes) relations avec Donald Trump comme un avantage, le Président brésilien Jair Bolsonaro a dû déchanter en voyant son ami annoncer une hausse des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du Brésil et de l'Argentine. Ainsi, sous prétexte de sanctionner une trop forte dévaluation du real et du peso, le Président Trump cherche en réalité à « exporter » sa guerre commerciale. Car en s’attaquant à ces deux pays, le véritable objectif est de les inciter à limiter leurs échanges avec la Chine. Avant eux, l’ire du président américain s’était abattue sur la France, menacée à son tour de voir ses importations aux États-Unis surtaxées à hauteur de 2,4 milliards de dollars si elle ne renonce pas à taxer les géants du numérique («taxe GAFA»). Et pour couronner le tout, Donald Trump a semblé enterrer les derniers espoirs d’un accord préliminaire avec la Chine puisqu’il l’espère désormais après les élections de novembre 2020.

Ces annonces étaient de nature à faire dévisser les marchés. Pourtant, sur la semaine, les reculs des places boursières sont modérés, à l’image du Dow Jones (-0,2% à 27 992 points) ou de l’Euro Stoxx 50 (-1,1% à 3 661 points). Cette bonne résistance des places financières peut s’expliquer par la hausse de l’indice PMI dans le secteur manufacturier en Chine (+0,1 point, à 51,8 – au plus haut depuis décembre 2016) et surtout par l’excellent rapport de l’emploi américain. Ainsi, selon les données du Bureau of Labor Statistics (LSI), l’économie américaine a créé 266 000 postes en novembre, auxquels s’ajoutent 41 000 postes issus des révisions à la hausse des mois précédents. Si un rebond était attendu après la reprise du travail chez General Motors, son ampleur a de quoi surprendre, surtout qu’elle a touché un grand nombre de secteurs comme l’a montré la hausse de l’indice de diffusion, à son plus haut en 2019.

Avec un taux de chômage à 3,5% et des salaires qui accélèrent à nouveau, la Réserve Fédérale (Fed) est confortée dans sa volonté de faire une pause dans sa détente des taux directeurs. Elle le sera encore plus si la pentification de la courbe se poursuit avec la remontée des rendements des titres longs (+7 points de base pour le taux à 10 ans, à 1,84%). Cela repousse encore un peu plus le scénario d'une récession au cours des 12 prochains mois. L’élan haussier des rendements est généralisé, soutenu par une amélioration des enquêtes économiques comme l’a montré le retour en territoire positif de l’indice PMI de l’industrie mondiale (passé de 49,8 en octobre à 50,3 en novembre – au plus haut depuis le mois d’avril 2019).

Le retour du sentiment positif sur les places boursières et dans les enquêtes économiques a pénalisé le dollar qui a reculé contre toutes les grandes monnaies (-0,6% pour son taux de change effectif). Les gains les plus importants ont été enregistrés par l’euro (+0,4% à 1,106 dollar) et surtout par la livre (+1,7% à 1,31 dollar). Il faut dire que, côté urnes, l'heure de vérité approche et les sondages continuent de donner une nette avance aux Conservateurs du Premier ministre Johnson. Attention cependant car la fiabilité des sondages au Royaume-Uni a été mise à rude épreuve à plusieurs reprises au cours des dernières consultations que le pays a connu.

Karamo KABA, Directeur des études économiques