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L’omniprésence du risque climatique

Chaque année, le World Economic Forum publie - en amont du Forum de Davos qui ouvrira ses portes le 21 janvier - son Global Risks Report. Pour la première fois, cinq sujets environnementaux et climatiques monopolisent les cinq premières places des risques majeurs pour l’humanité et la planète.

Événements climatiques extrêmes générant des dommages irrémédiables aux biens immobiliers et aux infrastructures ; absence d’atténuation du changement climatique et inadaptation des gouvernements et des entreprises à cette nouvelle donne ; dommages et catastrophes écologiques d'origine humaine comme les marées noires et la pollution radioactive ; perte de biodiversité et effondrement des écosystèmes (terrestres comme marins) aux conséquences irréversibles pour l'environnement en entraînant un appauvrissement majeur des ressources indispensables à l’activité humaine ; tremblements de terre, tsunamis, éruptions volcaniques et orages géomagnétiques… Telles sont les craintes à long terme de 750 experts et décideurs mondiaux.

Autre évènement de la semaine : le plus gros gérant d’actifs mondial va participer aux travaux de la coalition d’investisseurs Climate Action 100+. Mis en cause récemment pour sa politique de vote en assemblées générales peu favorable au climat, BlackRock semble chercher à se racheter une conduite en rejoignant les quelques 370 investisseurs mondiaux engagés dans un dialogue avec les entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre. La coalition affiche désormais une armada de près de 41 000 milliards d’actifs sous gestion, contre 35 000 milliards auparavant.

La décision de BlackRock de rejoindre Climate Action 100+ intervient juste après que le gérant d’actifs ait été sévèrement épinglé par une étude de l’ONG Majority Action.

Celle-ci a passé en revue la politique de vote en assemblée générale de 25 sociétés de gestion pour étudier leur comportement sur le climat dans leur politique de vote et de dialogue actionnarial. BlackRock se situe à la dernière place du classement car il n’a voté en faveur de résolutions climatiques que dans 5 cas sur 41 en 2019. L’étude de Majority Action a également montré que BlackRock avait voté contre trois résolutions actionnariales expressément soutenues par Climate Action 100+.

Il s’agissait des résolutions demandant à ExxonMobil de séparer les fonctions de président et de directeur général, et celle demandant aux constructeurs auto-mobiles Ford et General Motors d’être plus transparents sur leurs activités de lobbying liées au climat. C’est donc au travers de sa politique de vote lors des assemblées générales de 2020 que se comprendront les véritables intentions du géant américain, car jusqu’à présent la virulence pro-climat de son président Larry Fink se limitait malheureusement à la flamboyance de son verbe.

« Nous estimons que l’investissement durable représente désormais le meilleur gage de robustesse pour les portefeuilles des clients » écrit ainsi Larry Fink dans sa lettre annuelle de janvier. Selon lui, le changement climatique constitue une crise beaucoup plus structurelle, et de plus long terme, que toutes les crises économiques rencontrées pendant ses quarante ans de carrière. BlackRock prévoit donc d’augmenter la part d’investissements durables dans ses portefeuilles. Une disposition qui concerne toutefois principalement sa gestion active, c’est-à-dire celle pour laquelle il peut réellement choisir les sociétés dans lesquelles il investit. Elle représente 1800 milliards de dollars sur le total de 6900 milliards gérés, le reste étant constitué par la gestion indicielle, reproduisant des indices boursiers. Le gérant d’actifs prévoit ainsi par exemple de ne plus investir dans des sociétés générant plus de 25% de leurs revenus de la production de charbon thermique.

Si cette nouvelle orientation ne fait que suivre le mouvement déjà entamé par les banques et les assurances depuis quelques années, on peut espérer que le nouveau comportement du numéro un mondial de la gestion d’actifs sur le climat déclenche un effet d’entraînement sur ses concurrents les moins proactifs en la matière.

François Lett, Directeur du développement éthique et solidaire