Suite à la trêve dans la guerre commerciale que se livrent États-Unis et la Chine, les indices boursiers ont débuté la semaine sur une note positive. Même si cet élan haussier a été quelque peu tempéré par la résurgence d’autres craintes protectionnistes, les investisseurs sont restés confiants quant à la possibilité de voir la Réserve fédérale (Fed) abaisser ses taux directeurs. Ils ont été confortés dans ce scénario après la publication d’indicateurs décevants. Ainsi, les indices des directeurs d’achat (PMI) ont confirmé que le marasme du secteur manufacturier était profond (indice PMI global : -0,4 point, à 49,4, au plus bas en 6 ans et demi), notamment en Allemagne, au Japon, en Chine et au Royaume-Uni. Désormais, avec une moyenne de 49,9 points sur les 3 derniers mois pour le PMI global manufacturier, comparée à 50,6 points en début d’année, tout indique que l’apport de l’investissement va encore être moindre au deuxième trimestre.
La perspective d’une détente monétaire, dès le mois de juillet, semblait gagner de l’épaisseur jusqu’à la publication du rapport d’emploi. Contre toute attente, les effectifs salariés sont ressortis à 224 000 postes supplémentaires en juin, ce qui était très au-dessus des 160 000 unités attendues par le consensus. Les gains sont quasi-généralisés avec une progression plus forte de l’indice de diffusion de l’emploi dans l’industrie (+7,9 points, à 59,9%), ce qui a été observé dans les 21 000 et 17 000 postes supplémentaires respectifs dans la construction et dans l’industrie. Dès lors, les marchés ont commencé à reculer, doutant d’un coup de l’attitude à venir de la Fed. En effet, comment la Fed, qui n’a pas baissé ses taux en mai avec 72 000 créations d’emplois, peut-elle maintenant le faire avec un marché du travail effervescent ?
Cette dynamique du marché du travail a d’un coup fait rebondir les taux américains, ce qui a permis au rendement du taux à 10 ans (+4 points de base, à 2,04%) de repasser à la hausse le seuil des 2%. Les taux américains ont nettement sous-performé leurs comparables européens. Ces derniers ont été soutenus par la nomination de Christine Lagarde à la tête de la Banque centrale européenne (BCE). Cette nomination a été vue comme le signe d’une poursuite de la politique monétaire actuelle, à des années lumières de ce qui se serait passé si la présidence de la BCE avait viré sous le pavillon allemand par exemple. Dans ces conditions, le rendement des taux allemands a une nouvelle fois reculé (-4 points de base, à -0,36%). Les reculs ont été plus importants dans les pays les plus endettés, qui vont ainsi pouvoir continuer de bénéficier d’un environnement de taux bas, à l’image des taux italiens qui ont affiché la meilleure performance de la semaine (-35 centimes, à 1,74%). D’autres facteurs ont également influencé cette détente des taux longs, comme la perspective d’une arrivée prochaine aux affaires d’un gouvernement pro-marché en Grèce : -27 points de base pour le taux à 10 ans, à 2,19%. On pourrait aussi citer le fait que la Commission européenne, bien qu’elle ne lâche pas la pression, consente à ne pas ouvrir de procédure disciplinaire pour déficit excessif en 2019 à l’encontre de l’Italie compte tenu de l’état de ses finances publiques.
Dans ces conditions, l’euro a fortement reculé contre dollar (-1,3% à 1,12240), également entraîné dans sa baisse par la livre sterling (-1,34% contre dollar). Cette évolution du billet vert ne risque pas de plaire au président Trump, empêtré dans une guerre commerciale tout azimut qui ne porte pas ses fruits. D’ailleurs, en mai, le déficit commercial s’est établi à 55,5 milliards de dollars, contre 51,2 milliards en avril. Pire, nous avons même constaté un creusement du déficit avec la Chine (-30 milliards de dollars en mai contre -29,4 en avril).