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L’Europe dans la ligne de mire

Tout irait bien pour l’Europe si l’Administration Trump ne s’apprêtait pas à taxer davantage les importations de véhicules.

L’approche de la date fatidique du 1er mars, terme de la trêve entre Chinois et Américains, ne semble plus effrayer les marchés. Les investisseurs semblent avoir de bons espoirs d’un règlement rapide du conflit commercial avec la multiplication de rumeurs sur l’existence d’un accord de principe trouvé entre les deux protagonistes.

Ainsi, malgré de nombreuses déceptions sur plusieurs enquêtes d’activité de premier plan, cet optimisme a permis aux indices boursiers d’afficher de forts gains hebdomadaires. Le Dow Jones, en hausse pour la huitième semaine consécutive, s’est envolé (+3,1%, à 25 883 points), entraînant dans sa hausse toutes les autres places financières. Les valeurs européennes (+3,4% pour l’EuroStoxx 50 à 3 241 points) ont elles aussi profité de cet engouement. La tendance haussière a été renforcée par un rapport de la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) qui soutient que l’Europe serait la grande gagnante d’une « guerre commerciale » entre les deux premières puissances.

Tout irait bien pour l’Europe si l’Administration Trump, en invoquant la sécurité nationale, ne s’apprêtait pas à taxer davantage les importations de véhicules. Une telle perspective risque d'accroître les tensions avec l'Allemagne dont les constructeurs seraient parmi les plus impactés.

En effet, selon la Verband der Automobilindustrie (VDA), l’Allemagne a exporté 470 000 voitures aux Etats-Unis en 2018. Or, si les tarifs douaniers passent à 25%, cela leur coûterait 5 milliards d'euros. Dans ces conditions, on imagine mal l’Union européenne rester silencieuse. Selon toute vraisemblance, elle devrait prendre des mesures de représailles comme elle l’avait fait il y a un an lorsque Donald Trump avait invoqué la sécurité nationale afin de limiter l'importation d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis. Cela pourrait conduire à des suppressions d’emplois aux Etats-Unis, comme l’a déjà fait General Motors. Pour mémoire, le groupe allemand BMW possède en Caroline du Sud la plus grande usine de production d’automobiles au monde et 70% de cette production est destiné à l'export.

On comprend mieux les baisses drastiques des prévisions de croissance opérées par la Commission européenne pour l’Allemagne (de 1,8% à 1,1% pour 2019) et l’Italie (de 1,2% à 0,2% pour 2019). Cela devrait obliger la Banque centrale européenne (BCE) à garder le biais accommodant de sa politique monétaire. En effet, selon Benoît Coeuré, possible remplaçant de Mario Draghi à la tête de la BCE, de nouvelles injections de liquidités à long terme (T-LTRO) ne sont pas à exclure. Une annonce en ce sens pourrait intervenir le 7 mars prochain lorsque la Banque centrale mettra à jour ses prévisions de croissance et d'inflation. Cela a été un puissant soutien aux taux des pays périphériques dont les rendements se sont fortement détendus sur la semaine (Portugal : -11 points de base, à 1,57% ; Italie : -9 points de base, à 2,82%). Ces propos d’un membre du directoire de la BCE ont nui à l’euro qui est redescendu sous le seuil de 1,13 dollar. Le dollar a été le grand gagnant de la semaine (+0,3% pour son taux de change effectif), même si l’ampleur de son appréciation a été contenue avec les déceptions sur la production industrielle (-0,6 % en janvier) et surtout sur les ventes au détail (-1,2% en décembre après une hausse de 0,1% en novembre).

Nous pensons qu’un rebond des ventes au détail devrait se produire dès le mois de janvier, stimulé par le rebond de la bourse et du moral des ménages (+4,3 points pour l’indice de confiance de l’Université du Michigan).