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L’escalade protectionniste pèse sur les indices

La Chine compte aussi sur un ralentissement de la croissance américaine pour calmer les velléités protectionnistes de Donald Trump.

Alors qu’un règlement semblait proche il y a encore quelques jours, le conflit commercial sino-américain est monté d’un cran. En effet, fallait-il s’étonner que la Chine augmente elle aussi ses droits de douane en représailles aux mesures américaines ? Toujours est-il que l’annonce faite par Pékin d’augmenter, à compter du 1er juin, ses droits de douane sur 60 milliards de dollars d'importations américaines a eu l’effet d’une bombe pour les investisseurs. Les marchés financiers ont ainsi débuté la semaine sur la même tendance baissière que la semaine précédente. Ce recul s’est interrompu après que Washington ait renoncé à taxer l'acier et l'aluminium canadiens et mexicains et que le Président Trump ait accordé un répit de six mois avant de décider s’il imposera ou non les importations d’automobiles.

Ces décisions américaines ont favorisé les indices japonais (-0,4%, à 21 250 points pour le Nikkei 225) et surtout européens (+1,9%, à 3 426 points pour l’EuroStoxx 50). Les places américaines, en dépit de bons résultats d’entreprises, ont fini la semaine sur une note négative (-0,8%, à 2 860 points pour le S&P 500). Il faut dire que le Président Trump, soufflant le chaud et le froid, a une nouvelle fois ravivé les inquiétudes en soumettant au préalable à une autorisation gouvernementale toute vente de composants américains aux entreprises chinoises Huawei et ZTE.

Dans ce contexte de recherche de suprématie mondiale, où il est davantage question de posture que de raison, nul doute que Pékin va lui aussi prendre des mesures de représailles. En effet, avant de dévaluer sa devise, la Chine pourrait mettre des bâtons dans les roues des entreprises américaines en durcissant par exemple ses normes (règlementation ; sanitaire ; fiscale) voire en ralentissant les services douaniers. La Chine compte aussi sur un ralentissement de la croissance américaine pour calmer les velléités protectionnistes de Donald Trump. Cela pourrait arriver prochainement si l’on se fie à l’évolution des ventes au détail qui ont déçu en avril. Certes, le recul mensuel de 0,2% intervient après le bond de 1,7% du mois précédent, le plus important des 18 derniers mois. Mais la contribution de la consommation ne devrait pas être aussi forte qu’anticipé afin de compenser les contributions négatives des stocks et du solde externe.

Ce ralentissement attendu de la croissance américaine au deuxième trimestre, entrevu dans les ventes au détail et dans la baisse de la production industrielle, a pesé sur le rendement des taux longs américains. Déjà aidé par l’aversion pour le risque, le taux à 10 ans est passé en dessous du seuil de 2,40%, en recul de 6 points de base sur la semaine. L’Europe a également profité de la baisse des taux, avec une réelle surperformance de l’Espagne (-11 points de base, à 0,87%) et surtout du Royaume-Uni (-10 points de base, à 1,04%). Les investisseurs semblent apprécier les derniers développements concernant le Brexit malgré l’échec des négociations entre la première ministre Teresa May et l’opposition travailliste. Il semble que l’on se dirige rapidement vers un changement de leadership, et pourquoi pas un retour aux urnes après le scrutin des Européennes. L’incertitude politique au Royaume-Uni a plombé la livre sterling (-2,1% sur la semaine, à 1,2724 dollar), ce qui a nui aux autres devises européennes, notamment l’euro (-0,63%, à 1,1158 dollar). Le dollar reste la monnaie forte (+0,7% pour son taux de change effectif).