Dans cet espace, la rédaction d’ID n’exerce pas de droit de regard sur les informations disponibles et ne saurait voir sa responsabilité engagée.
©Roschetzky Photography/Shutterstock
INFO PARTENAIRE

Les leçons du Haut Conseil pour le Climat

Depuis 1850, la température moyenne de la Terre a augmenté d’un degré Celsius. En France, sur cette période, la hausse a été encore plus rapide.

L’Ecole Normale Supérieure organisait début juillet une conférence intitulée : « Le dérèglement climatique : défi mondial, approches sociales ». Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat a rappelé, lors de la conférence inaugurale, le rôle de cet organisme créé en mai 2019, et composé de 11 experts – dont Laurence Tubiana, Alain Grandjean ou Jean-Marc Jancovici – nommés pour 5 ans renouvelables une fois.

Le Haut Conseil est chargé d’apporter un éclairage indépendant sur la politique du Gouvernement en matière de climat, en particulier sur le niveau de compatibilité des différentes politiques publiques du pays vis-à-vis de l’Accord de Paris. Il peut être saisi par le Gouvernement, le président de l'Assemblée nationale, le président du Sénat ou à sa propre initiative. Il est compétent dans trois domaines : la réduction des émissions directes de gaz à effet de serre (baisse des consommations d’énergies fossiles, transformation du modèle agricole, capture du méthane issu des déchets…) ; le développement de puits de carbone (forêts, sols, océans) ; la réduction de l’empreinte carbone de la France. Il rend chaque année un rapport axé principalement sur le respect de la trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France. Il met également en perspective les engagements et les actions de la France par rapport à ceux des autres pays, et prodigue des recommandations et propositions pour améliorer l’action de la France. Il dispose d’un budget annuel de 2 millions d’euros.

Depuis 1850, la température moyenne de la Terre a augmenté d’un degré Celsius. En France, sur cette période, la hausse a été encore plus rapide, de 1,5 degré, avec un déséquilibre plus accentué à l’Est. La quasi-totalité de cette hausse est due aux émissions de GES liées à l’activité humaine selon les experts du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC). L’objectif de l’Accord de Paris de 2015 est de contenir la hausse de la température de la planète depuis le début de la révolution industrielle à 2 degrés voire 1,5 degrés, alors que nous avons déjà « consommé » 1 degré.

Corinne Le Quéré estime que, pour atteindre au plus vite la neutralité carbone, la France doit inscrire un budget carbone dans la loi (comme au Royaume-Uni), intégrer les transports internationaux dans cet objectif de neutralité carbone et aussi les émissions importées dans les calculs d’empreinte carbone. Du côté des bonnes nouvelles, le taux de décroissance annuel des émissions de CO2 en France a atteint 1,1% de 2015 à 2018 par rapport à la période 2011-2014. Du côté des mauvaises, l’objectif était une baisse de 1,9%... Le nouvel objectif est dorénavant une baisse de 3,3% par an jusqu’en 2025. En masse globale les émissions de GES en 2018 en France ont pour origine le transport (31%), le bâtiment (19%), l’agriculture (19 %), l’industrie (18%), l’énergie (10%, grâce au nucléaire) et les déchets (3%).

Les experts constatent que les émissions liées au transport sont stables depuis 10 ans en raison de la croissance de la demande, du retard dans l’électrification et de la préférence du consommateur pour les grosses cylindrées. Les émissions liées au bâtiment diminuent - mais trois fois moins vite que prévu - en raison essentiellement de la faible performance des rénovations énergétiques. Corinne Le Quéré constate que les lois « hors climat » ont souvent un impact très important sur les émissions de GES mais qu’elles ne sont pas prises en compte (exemple de la loi sur l’orientation des mobilités).

Les recommandations du Haut conseil sont donc :

  • d’assurer la compatibilité de chaque loi avec l’objectif de neutralité carbone,
  •  d’intégrer le prix carbone dans l’activité économique,
  •  d’évaluer systématiquement l’impact des investissements réalisés sur les émissions de GES,
  •  de soutenir l’emploi et l’économie à long terme en planifiant les changements industriels nécessaires,
  •  d’assurer une transition juste et équitable en tenant compte des impacts sur les inégalités sociales et géographiques,
  •  d’harmoniser les politiques nationales, régionales et européennes en matière de climat.

Vaste programme…