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L’élan haussier se poursuit

Guerre et marchés financiers font rarement bon ménage, surtout si elle se déroule dans une région aussi riche en pétrole que le Moyen-Orient. Ainsi, lorsque les deux protagonistes donnent l’impression de vouloir éviter une confrontation directe, les investisseurs sont soulagés, ce qui a facilité la poursuite de la hausse des indices boursiers.

Aux Etats-Unis, le Dow Jones (+0,7% sur la semaine) a franchi pour la première fois de son histoire la barre psychologique des 29 000 points, malgré la riposte de l’Iran contre deux bases militaires américaines en Irak. Sans doute porté par la prochaine signature de la phase I de l’accord commercial sino-américain, l’élan haussier de fin 2019 s’est poursuivi en dépit de la publication d’enquêtes importantes ressorties en-deçà des attentes.

Avec « seulement » 145 000 postes supplémentaires alors que le consensus en attendait 160 000, la création d’emplois a déçu en décembre, surtout si on la compare avec les 256 000 créations de novembre. Ces gains sont attribuables principalement aux services (+140 000) tandis que l’industrie a continué de montrer des signaux de faiblesse (-1 000). Cette baisse de l’emploi dans le secteur industriel, notamment dans le secteur manufacturier (-12 000), est tout sauf une surprise. En effet, elle est cohérente avec l’évolution de l’indicateur avancé ISM qui se trouve en zone de contraction depuis maintenant 5 mois, avec une composante « emploi » au plus bas depuis janvier 2016.

Cette évolution invalide l’idée selon laquelle une grande partie des difficultés de l’industrie récente était due à la grève chez General Motors. Elle pourrait signifier que l’activité américaine souffre elle aussi des hausses de tarifs douaniers punitifs décidées par l’Administration Trump contre les importations en provenance de Chine. Cela s’est d’ailleurs vu dans la baisse des importations de marchandises en novembre. Par ailleurs, dans la mesure où les exportations ont progressé, notamment envers la Chine, le déficit commercial s’est moins détérioré, ce qui fait espérer une contribution positive du solde externe à la croissance du PIB du 4ème trimestre.

Cette évolution des indicateurs avancés du secteur manufacturier contraste avec celle des services. L’indice ISM de ce secteur est ressorti en forte hausse en décembre (+1,1, pour s’établir à 55 points). Ce bond est avant tout attribuable à la bonne tenue de la composante mesurant l’activité des entreprises (passée de 51,6 points en novembre à 57,2 points en décembre), ce qui a permis de compenser la déception des composantes des nouvelles commandes (de 57,1 à 54,9 points). Dans la mesure où les services représentent à peu près 85% de l’économie américaine, le niveau actuel de l’ISM non manufacturier permet d’éloigner le scénario de récession.

La question maintenant est de savoir jusqu’à quand durera cette dualité. En attendant, cela a facilité la remontée des taux longs américains (+3,1 points de base, à 1,82% pour le rendement du taux à 10 ans), en même temps que les propos rassurants de l’Iran et des États-Unis. Au sein de la zone Euro, les taux allemands ont nettement sous-performé (+8 points de base, à -0,20%) par rapport à la France.

Sur la scène des changes, le dollar a mis fin à sa dépréciation suite à l’escalade des tensions au Moyen-Orient. L’euro, qui avait atteint le seuil de 1,12 dollar pour un euro, est revenu à 1,1121, en baisse de 0,4% sur la semaine. La désescalade a nui au yen (-1,2% sur la semaine), tandis que les investisseurs les plus frileux se sont réfugiés sur l’or. Le métal jaune est ainsi ressorti à un plus haut de 7 années, aidé aussi dans sa hausse par l’engouement des Chinois.

Karamo KABA, Directeur des études économiques