Ensuite, la menace de Donald Trump réitérée à Davos de relever les droits de douane sur les importations de voitures européennes a ravivé le spectre d’une nouvelle guerre commerciale dommageable pour l’économie mondiale. Enfin, la peur de voir le bilan de l’épidémie de coronavirus s’alourdir en Chine et dans le monde a fini par faire remonter la tension de plusieurs crans.
Au final, les indices ont fortement reculé- aussi bien aux Etats-Unis (Dow Jones : -1,2% à 28 994 points) qu’en Europe (Euro Stoxx 50 : -0,8%, à 3 774 points) - et surtout la volatilité a rebondi (+2,5% pour l’indice S&P VIX, à 14,6% sur la semaine). Epicentre d’une crise sanitaire qui s’apparente de plus en plus à celle du SRAS, les places financières chinoises ont subi de lourds dégagements (Shanghai 50 : -3,6%, à 2 932 points) après l’annonce du confinement de la population de la ville de Wuhan. La multiplication de nombreuses mesures de restrictions a même presque fait oublier le franchissement du cap des 100 milliards de dollars de capitalisation boursière de Tesla, soit plus que celles de General Motors et Ford réunies. Or, ces deux dernières produisent en moyenne 10 millions de véhicules par an quand Tesla peine à atteindre 500 000 unités.
La tension devrait rester élevée au fur et à mesure que les investisseurs feront le parallèle avec le SRAS, ce qui peut conduire à court terme à une correction des indices. Pour mémoire, l’épizootie du SRAS avait fait reculer les indices d’environ 10% en 2003.
Dans ces conditions, comme cela se produit lors des périodes de hausse de l’aversion pour le risque, les emprunts souverains devraient être plébiscités. On a ainsi vu sur la semaine le rendement du taux à 10 ans américain repasser sous le seuil de 1,70%, en baisse de 15 points de base. Ce recul a aussi été favorisé par celui de plusieurs indicateurs avancés importants comme le PMI du secteur manufacturier ou celui du Conference Board. Cela devrait conduire la Réserve fédérale à garder sa politique monétaire inchangée, comme la Banque centrale européenne cette semaine, en dépit du changement de plusieurs membres de son Comité de direction. Seul le taux à 10 ans italien est parvenu à afficher une meilleure performance.
Le rendement du BTP à 10 ans est ainsi ressorti en recul de 18 points de base, à 1,23%, encouragé par des sondages qui annonçaient une défaite de la Ligue lors de l’élection régionale d’Émilie-Romagne. Une victoire du parti de Mattéo Salvini aurait pu remettre en cause la fragile coalition actuellement au pouvoir et provoquer des élections anticipées.
Le dollar a poursuivi sa tendance haussière de ces dernières semaines pour afficher des gains solides contre toutes devises. Le yuan s’est ainsi fortement déprécié (-1,33% contre le dollar) après la mobilisation générale décrétée contre le coronavirus par les autorités chinoises. Une nouvelle phase de faiblesse de la devise chinoise est à craindre pour les marchés, surtout en cas de déception de l’indice composé PMI flash* pour le mois de janvier. L’euro - quant à lui - a également perdu du terrain contre le dollar avant la publication des comptes nationaux qui devraient montrer une nouvelle fois un rythme de croissance plus élevé aux Etats-Unis. L’activité européenne devrait rester pénalisée par les difficultés du secteur industriel, handicapé par les incertitudes liées aux droits de douanes sur les importations de véhicules aux Etats-Unis.
Karamo KABA, Directeur des études économiques