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Le calice jusqu’à la lie

C’est la hausse qui l’a emportée sur les marchés boursiers, boostés par l’annonce de la reprise le mois prochain des négociations entre la Chine et les Etats-Unis.

La plupart du temps, pour comprendre les actions des leaders politiques ou économiques, il faut s’intéresser aux personnes qui les conseillent. En procédant ainsi, personne n’aurait été étonné de la tournure des négociations commerciales avec la Chine quand on sait que le conseiller le plus écouté par Donald Trump sur le front commercial est Peter Navarro, l’auteur d’un livre et d’un documentaire intitulés respectivement « The Coming China Wars » et « Death by China ».

La même démarche au Royaume-Uni amène à nous intéresser à Dominic Cummings, véritable architecte de la victoire du référendum de 2016, dont le personnage a été magnifiquement repris à l’écran par l’acteur Benedict Cumberbatch. En ayant un conseiller affichant son mépris pour les parlementaires, il n’a pas été étonnant de voir le Premier ministre Boris Johnson essayer d’imposer sa loi au Parlement en le prorogeant entre le 9 septembre et le 14 octobre.

C’était peut-être sans compter sur la réaction de la Chambre des Communes, dont la réponse n’a pas tardé. Les députés anglais ont fait subir au Premier ministre Boris Johnson une semaine pleine de revers, marquée notamment par la perte de sa majorité absolue, la démission de deux membres de son gouvernement et surtout le vote d’une résolution de loi qui l’oblige à demander une extension en cas d’absence d’accord avec l’Union européenne. Un comble pour quelqu’un qui a pris comme slogan sur le Brexit « Do it or die » (le faire ou mourir).

Ces tumultes autour du Brexit ont - dans un premier temps - plombé la livre qui a affiché de forts reculs par rapport au dollar. Puis, au fur et à mesure qu’il devenait évident que les scénarios du « hard Brexit » au 31 octobre et d’élections anticipées se dégonflaient, la monnaie britannique a connu un fort rebond qui l’a vu effacer toutes ses pertes des séances précédentes. La livre sterling a ainsi fini la semaine en progression de 1% contre le dollar. Le regain de forme de la devise britannique a également été facilité par la publication d’un rapport d’emplois moins bon qu’anticipé par le consensus, avec seulement 130 000 postes supplémentaires en août aux Etats-Unis contre une prévision de 160 000 attendus.

Il n’en fallait pas plus pour faire ressurgir les craintes de récession, surtout après le passage en zone de contraction de l’indice ISM dans le secteur manufacturier, une première depuis le mois d’août 2016.

Pourtant, c’est la hausse qui l’a emportée sur les marchés boursiers, boostés par l’annonce de la reprise le mois prochain des négociations entre la Chine et les Etats-Unis. Ainsi, dans un contexte de forte baisse de la volatilité (-3,98 points de pourcentage, à 15% pour le VIX), les actifs risqués se sont partout considérablement appréciés (S&P 500 : +1,79%, à 2 979 points ; EuroStoxx 50 : + 1,72%, à 3 486 points). Même les valeurs anglaises ont participé à la fête (FTSE 100 : +1,15%, à 7 290 points).

Il faut dire que la multiplication des signes de récession, avec notamment les révisions à la baisse des créations de postes des mois précédents aux Etats-Unis, ne facilite pas la remontée des rendements.

N’eut été l’annonce de la reprise du dialogue sino-commercial sur le front commercial, le marché obligataire allait finir sur une nouvelle semaine de baisse des taux. La récente remontée observée aux Etats-Unis (+5 points de base, à 1,55% pour le taux à 10 ans) ou en Allemagne (+7 points de base, à -0,64%) devrait être de courte durée si l’on se fie aux discours des banquiers centraux et des actions qu’ils s’apprêtent à lancer.