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INFO PARTENAIRE

La stratégie du bluff

Ces hausses tarifaires vont en premier lieu pénaliser les consommateurs et les entrepreneurs américains.

Tout joueur de poker sait qu’il vaut mieux jouer contre un bluffeur que contre un chanceux. Concernant le qualificatif à employer pour le Président Trump, il semble que les Chinois, en adoptant une stratégie de patience, n’aient pas coché la case « chanceux ». Une attitude qui diverge de celle de Donald Trump qui a vivement recommandé à la Chine d’accepter un accord commercial maintenant, au risque d’avoir une situation bien pire en cas de poursuite des discussions au cours de son éventuel second mandat. Mettant ses menaces à exécution, les droits de douane sur 250 milliards de dollars d'importations chinoises sont passés de 10 à 25% et une procédure visant à relever les taxes sur les 300 milliards restants a également été lancée. Ce regain de protectionnisme a eu pour effet de booster l’aversion pour le risque, ce qui s’est traduit par un bond de la volatilité : +6,4 points de pourcentage, à 16,0% pour l’indice VIX).

Pourtant, même si les indices actions ont fini la semaine dans le rouge, le recul des places boursières n’a pas été aussi sanglant que celui observé lors de la dernière escalade entre la Chine et les États-Unis. En effet, alors qu’ils avaient plongé en fin d’année dernière de l’ordre de 15%, les indices américains et européens n’ont baissé respectivement « que » de 2,2% pour le S&P 500 (à 2 881 points) et de 4,0% pour l’EuroStoxx 50 (à 3 361 points). Signe que les investisseurs s’attendent toujours à un règlement amical de ce conflit commercial, les bourses chinoises ont enregistré une progression (+1,24% pour le CSI 300, à 3 730 points), aidées par une dépréciation du yuan (-1,6% contre le dollar).

Il faut dire que ces hausses tarifaires vont en premier lieu pénaliser les consommateurs et les entrepreneurs américains. Ainsi, selon les calculs de Trade Partnership, la récente salve protectionniste de l’Administration Trump envers les produits chinois devrait se traduire par une baisse du PIB de l’ordre de 0,4% sur une année, à travers un alourdissement des dépenses des consommateurs, soit un recul de l’ordre de 767 dollars sur une année pour une famille moyenne. De quoi faire réfléchir le Président Trump et le Parti républicain à l’approche des élections de 2020.

Comme il fallait s’y attendre, la hausse de l’aversion pour le risque a été profitable aux emprunts d’Etat. Le taux à 10 ans américain est repassé sous le seuil de 2,50% (en retrait de 6 points de base, à 2,46%), faisant fi de la nouvelle hausse des prix en avril : +0,3% pour les prix au détail et +0,2% pour les prix aux producteurs, soir respectivement +2,0% et +2,3% sur une année. Cette hausse de l’inflation ne devrait pas modifier la politique monétaire de la Fed pour qui la remontée actuelle des prix est passagère. En Europe, seuls les taux allemands (-7 points de base – pbs – à -0,05%) et anglais (-8 pbs, à 1,13%) ont surperformé.

Sur la scène des changes, contre toute attente, l’escalade des tensions protectionnistes a nui au dollar qui a perdu du terrain contre la plupart des devises (-0,2%, à 97,3 points pour son taux de change effectif). L’euro (+0,3% sur la semaine) en a profité pour regagner un peu du chemin abandonné dernièrement au dollar, finissant la semaine audessus du seuil de 1,12 dollar. La livre a cédé une nouvelle fois du terrain (-1,1%, à 1,29 dollar) malgré l’éloignement d’une sortie sans accord le 1er juin, avec la participation du Royaume-Uni aux élections européennes le 23 mai prochain.