Les premières estimations des comptes nationaux américains ont montré que l’économie avait enregistré une progression de 2,6% en rythme annualisé. Si ce chiffre est ressorti au-dessus des attentes du consensus (2,2% en rythme annualisé), il est toutefois insuffisant pour que la progression annuelle moyenne de 2018 soit supérieure à 3%, comme l’espérait tant le Président Trump.
Ainsi, en dépit d’une relance massive (baisses d’impôts pour les particuliers et les entreprises), les Etats-Unis n’auront progressé que de 2,9% en 2018, comme en 2015 lors de la présidence d’Obama. De quoi réjouir l’ex président, qui plus est la semaine où son successeur s’est vu chargé par son ex-avocat lors d’une audition devant le Congrès.
Pourtant, à y regarder de plus près, ce PIB du quatrième trimestre est plutôt de bonne facture. En effet, les ventes finales, un bon indicateur du chiffre d’affaires, ont expliqué l’essentiel de la création de richesse au 4ème trimestre 2018 (95% contre 21% au 3ème trimestre). Cela s’explique par la forte décélération des stocks, qui n’ont apporté que 0,2 point de croissance au quatrième trimestre, ce qui n’est pas si surprenant après la forte contribution du 3ème trimestre 2018 (+2,7 points de croissance).
Cette bonne orientation des chiffres d’affaires est la bienvenue dans la mesure où seulement 40% des entreprises du S&P 500 ont vu leur bénéfice revu à la hausse lors de la dernière saison des résultats. En d’autres termes, la forte hausse des indices boursiers de ces dernières semaines est principalement le fait d’une progression des price earning ratios.Or, compte tenu de la maturité du cycle, pour que l’élan haussier se poursuive, il faut nécessairement une amélioration des enquêtes économiques, soit des ventes.
C’est ce scénario, renforcé par l’imminence d’un accord commercial sino-américain, que retiennent les investisseurs. L’indice Dow Jones allait enregistrer une progression hebdomadaire, la dixième consécutive, avant que la déception de l’indice ISM du secteur manufacturier (-2,4 points, à 54,2 contre 55,8 attendus) n’entraîne la fonte des gains accumulés sur la semaine. L’apaisement des tensions commerciales a profité à toutes les zones, notamment aux indices chinois qui se sont envolés (+6,5%, à 3 750 points pour l’indice CSI 300). Même l’Europe, pourtant concernée par des menaces en gestation - Brexit ; tensions commerciales avec les Etats-Unis - a profité de cette embellie (+1,3%, à 3 312 points pour l’EuroStoxx 50).
La baisse du sentiment d’aversion pour le risque a pénalisé les marchés obligataires. Les rendements du taux à 10 ans sont ressortis en hausse en Allemagne (+9 points de base – pbs - à 0,18%) et aux Etats-Unis (+10 pbs, à 2,75%). La meilleure performance est revenue à l’Espagne (-9 pbs, à 1,33%) et à l’Italie (-14 pbs, à 2,78%) tandis que le Royaume-Uni a enregistré la plus mauvaise (+12 pbs, à 1,30%).
Il faut dire que la situation n’a guère évolué avant l’échéance du 29 mars. Nous avons juste appris que le Parlement anglais allait voter sur l'accord sur le Brexit et qu’il aurait le dernier mot sur un éventuel report. Ces hésitations politiques britanniques n’ont pas nui à la livre (+1,15% contre dollar) qui poursuit son ascension avec le recul du scénario d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord (« Hard Brexit »). L’euro, en hausse de 0,3% sur la semaine, à près de 1,374 dollar, a aussi profité. Le dollar, un temps grand perdant de la semaine, a réussi à limiter les dégâts en fin de semaine.