Et cerise sur le gâteau, l’adversaire chinois, affaibli par la crise du coronavirus, a fait un pas vers Washington en réduisant ses droits de douane sur les produits américains. Résultat, les indices boursiers ont fortement rebondi, effaçant tout le recul des semaines précédentes. Ce regain de forme des places financières a aussi été favorisé par des résultats d’entreprises toujours encourageants. A l’image du Dow Jones (+2,5% à 29 096 points), les indices américains ont fortement progressé, tirant à la hausse toutes les autres places. Ainsi, dans un contexte de baisse de l’aversion pour le risque, la hausse l’a emporté partout, notamment en Europe (EuroStoxx : +3,6%) et en Chine (CSI 300 : +6%). Il faut dire que les craintes d’une récession mondiale ont reflué après les mesures mises en place par les autorités chinoises et surtout après la publication de statistiques américaines de très bonne facture.
L’indice ISM manufacturier a gagné 3,1 points sur le mois de janvier 2020 pour repasser au-dessus de la barre des 50 points, une première depuis juillet 2019. Il faudrait donc s’attendre à ce que l’expansion de l’économie américaine se poursuive, comme le laisse pressentir la nouvelle hausse de l’indicateur avancé dans les services (ISM non manufacturier : +0,6 point à 55,5 en janvier). Dans ces conditions, le rythme de créations de postes reste élevé (+225 000 en janvier, après +147 000 postes en décembre et +261 000 en novembre) et le taux de chômage est resté faible (passant de 3,5% en décembre à 3,6% en janvier). Les fondamentaux du consommateur demeurent donc solides, surtout après la hausse des salaires (+0,2 % sur le mois de janvier, soit +3,2% sur une année), de quoi faciliter la hausse des dépenses de consommation. Les ventes de véhicules neufs ont augmenté, passant d’un rythme annualisé de 16 650 000 en décembre à 16 840 000 en janvier. Cette hausse de la consommation a eu pour contrepartie de détériorer le solde commercial avec un déficit passé de 43,7 en novembre à 48,9 milliards de dollars en décembre.
Sur les marchés obligataires, l’apaisement des craintes sur l’épidémie du coronavirus a fait progresser les rendements à la hausse. Ainsi, après le rallye obligataire de la semaine précédente, le rendement du taux à 10 ans aux États-Unis est remonté de 5 points de base (à 1,57%), soutenu par la publication d’enquêtes très encourageantes qui ont repoussé les anticipations d’une baisse de taux imminente après l’inversion de la courbe des taux de la semaine précédente. Les progressions les plus fortes sont venues d’Allemagne (+9 pdb à -0,38%) et surtout de Suisse (+15 pbs à -0,67%).
Sur la scène des changes, l’appréciation du dollar s’est poursuivie. À la différence des semaines précédentes où le billet vert était recherché pour sa fonction de valeur refuge, ce sont les bonnes statistiques américaines qui ont cette fois soutenu la devise américaine. La baisse des anticipations d’un assouplissement monétaire de la Réserve fédérale a aidé le dollar, dont le taux de change effectif a bondi sur la semaine (+0.72% à 98,631 points). C’est contre l’euro et la livre que l’appréciation du dollar a été la plus forte.
Par ailleurs, les résolutions d’actionnaires constituent souvent le signe avant-coureur de problématiques importantes. Ainsi l’introduction des résolutions « say on pay » sur la rémunération des dirigeants a été instaurée en 2011 par la SEC à la suite de la loi Dodd-Franck et de plusieurs années de résolutions d’actionnaires sur cette thématique. Enfin les PRI regrettent que la SEC limite sa vision à l’aspect coûts de ces résolutions et rappellent que de nombreuses études académiques montrent que la RSE et la prise en compte des critères Environnement, Social et Gouvernance (ESG) génère une surperformance financière sur le long terme pour l’actionnaire.
Karamo KABA, Directeur des études économiques