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INFO PARTENAIRE

La Fed ouvre la porte à des baisses de taux

Nous pensons que la Fed n’agira que si elle est convaincue qu’il n’y aura pas d’accord commercial sino-américain.

Les chiffres du commerce extérieur américain ont montré une légère amélioration du déficit commercial, passant de -51,9 en mars à -50,8 milliards de dollars en avril.

Cette réduction a suffi pour que certains affirment que les mesures protectionnistes mises en place par l’Administration américaine marchent, surtout qu’au même moment l’activité industrielle chinoise montre des signes d’essoufflement. Les avocats de ces politiques commerciales agressives soutiennent même que ce décalage conjoncturel entre les EtatsUnis et la Chine représente une opportunité à ne pas manquer pour freiner durablement l’ascension de la Chine au statut de superpuissance. D’où le durcissement de ton de l’Administration Trump au moment où Chinois et Américains s’acheminaient vers un accord. Le problème avec cette stratégie, c’est qu’elle n’est pas tenable dans le temps si les Etats-Unis eux-aussi se mettent à ralentir.

« Même si une hirondelle ne fait pas le printemps », plusieurs indicateurs importants sont venus confirmer le scénario d’un ralentissement aux Etats-Unis. En effet, le marché de l’emploi n’a créé « que » 75 000 postes supplémentaires en mai, très en deçà des 175 000 attendus par le consensus, sans compter les révisions à la baisse des mois précédents pour un total de 75 000 emplois.

A cela s’ajoute la nouvelle baisse de l'indice ISM dans le secteur manufacturier (-0,7 point en avril pour atteindre 52,1), revenu à un plus bas niveau de 31 mois. La tendance est identique pour la confiance des ménages, mesurée par l’Université du Michigan, qui est passée de 100,0 à 97,9 points en juin, pénalisée par un recul de la composante des anticipations (-4,9 points), alors que celle de la situation actuelle a progressé (+2,5 points). Dans ces conditions, malgré l’abandon de la menace de taxer toutes les importations mexicaines de 5%, les craintes de ralentissement des deux hyperpuissances ont limité la progression des indices actions sur la semaine (+0,5% pour le S&P 500, à 2 887 points) et rehaussé les anticipations d’une prochaine détente monétaire aux Etats-Unis.

En effet, au cours des derniers jours, plusieurs membres importants de la Fed ont commencé à préparer les esprits à une baisse des taux. Nous continuons de penser que cela est prématuré et que l’économie américaine ne basculera pas à court terme dans la récession comme le redoutent certains. Il suffit de voir l’évolution récente des ventes au détail et de la production industrielle pour s’en convaincre. Nous pensons que la Fed n’agira que si elle est convaincue qu’il n’y aura pas d’accord commercial sino-américain. En attendant la rencontre prévue entre Donald Trump et Xi Jinping lors de la prochaine réunion du G20 (28 et 29 juin), l’aversion pour le risque va rester importante, ce qui devrait puissamment soutenir les rendements des obligations d'Etat et pénaliser les cours du pétrole.

L’euro devrait également rester sous pression. En effet, après être revenu au-dessus du seuil de 1,13 dollar, la monnaie commune a cédé du terrain (-0,8% contre le dollar sur la semaine), pénalisée par des menaces protectionnistes de Donald Trump sur le vin français, le ton dovish* de la Banque centrale européenne lors de la Conférence de presse du Président Draghi et les inquiétudes autour de la dette italienne. Ainsi, alors que le pays est menacé par la Commission européenne, le gouvernement souhaiterait émettre des bons du Trésor pour payer ses créanciers. *Dovish : prudent