Dans cet espace, la rédaction d’ID n’exerce pas de droit de regard sur les informations disponibles et ne saurait voir sa responsabilité engagée.
Pasuwan/ Shutterstock
INFO PARTENAIRE

La croissance reste au centre des préoccupations

En Europe, une escalade protectionniste aurait des effets négatifs sur les pays qui sont le plus dépendants des exportations.

Il est rare que les mauvaises nouvelles arrivent seules. Concernant la croissance en Europe, nous sommes plutôt bien servis en ce moment.

Ainsi, après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Fonds monétaire international (FMI), c’est la Commission européenne qui est venue alimenter le spleen de l’activité européenne. La prévision de croissance a une nouvelle fois été abaissée pour 2019, passant de 1,9% estimé 6 mois plus tôt à 1,3%. Plusieurs facteurs ont contribué à ce coup de blues, à commencer par les incertitudes relatives aux échanges commerciaux.

Pourtant, sur ce dernier point, les choses ont plutôt l’air de bien avancer si l’on se fie aux différentes déclarations de responsables américains et chinois. Une rencontre au sommet est prévue entre les Présidents Xi et Trump, sans doute après le 1er mars, échéance de la trêve commerciale décidée par les deux pays. Dans ces conditions, pourquoi les prévisions économiques concernant la zone Euro vont-elles toutes dans le même sens ? Sans doute parce que le consensus des économistes est aujourd’hui persuadé qu’après la Chine, l’Administration Trump va remettre la pression sur les importations de voitures en provenance d’Allemagne. Or, s’attaquer à l’Allemagne, c’est prendre le risque de mesures de rétorsion de la Commission européenne, seule entité habilitée à négocier et à réagir au niveau commercial. Ainsi, une escalade protectionniste aurait des effets négatifs sur les pays qui sont le plus dépendants des exportations.

D’où un abaissement drastique des prévisions de croissance chez des poids lourds comme l’Allemagne (de 1,8% à 1,1%), l’Italie (de 1,2% à 0,2%) ou les Pays-Bas (de 2,4% à 1,7%). Même si près de 86% des pays vont connaître un point bas de leur activité au premier trimestre, cela ne signifie pas pour autant que l’activité va fortement rebondir le reste de l’année et en 2020 (seulement 1,6% attendu). Cela devrait militer pour que la Banque centrale européenne (BCE) prenne de nouvelles initiatives dans sa panoplie d’outils, comme de nouveaux prêts à long terme (LTRO). D’où une forte dépréciation de l’euro (-1% sur la semaine contre dollar).

En effet, sachant que l’Italie, troisième économie de la zone, risque d’être enlisée dans la récession avec une croissance de seulement 0,2% en 2019 et 0,8% en 2020, le spectre d’un défaut risque de ressurgir rapidement. D’ailleurs, le rendement du taux à 10 ans de l’Etat italien s’est envolé sur la semaine (+26 points de base) pour s’établir à 3%. Le spread avec l’Allemagne est ainsi revenu à 290 points de base, au plus haut depuis mi-décembre 2018. La livre sterling a aussi perdu du terrain (-0,9% contre le dollar) après les déclarations la publication des Minutes de la Banque d’Angleterre et à l’approche d’un nouveau vote crucial sur le Brexit.

Les sombres perspectives économiques ont pesé sur les marchés européens. Déjà que les anticipations de bénéfices par action semblaient optimistes, cela va devenir difficile d’atteindre les objectifs si la croissance n’est pas au rendez-vous. Des révisions à la baisse ne sont pas à exclure, ce qui a poussé les investisseurs à réduire la voilure sur les marchés d’actions. Le Dax a ainsi cédé 2,2%, sous-performant l’EuroStoxx (-1%). Les marchés américains sont restés dans l’ensemble stables (Dow Jones : -0,1% ; S&P 500 : -0,4%).