Nous savions qu’un problème complexe comme celui du Brexit pouvait rarement se limiter à un choix binaire. Depuis la semaine dernière, nous avons appris aussi qu’il en était de même pour les questions simples. En effet, les députés britanniques ont voté une troisième fois contre l’accord négocié par la Première ministre Theresa May tout en réussissant l’exploit de ne pas parvenir à un accord sur les huit alternatives soumises au vote pour mettre fin à ce feuilleton.
La saga du Brexit se poursuit donc et la probabilité d’une sortie sans accord a grimpé en flèche, ce qui a considérablement pesé sur la livre sterling (-1,35% sur la semaine, moins bonne performance contre le dollar). Le pire n’est toutefois pas assuré puisque, dès le début de cette semaine, les députés britanniques doivent à nouveau se prononcer sur d’autres options de Brexit et clarifier le leadership à la tête du pays. Ainsi, en cas d’entente au Parlement, Theresa May pourrait accepter ce résultat et démissionner comme promis. Dans ce cas, le Brexit aurait lieu le 22 mai. Si elle refusait, elle pourrait affronter la fronde d’une partie des députés europhiles de son camp. Elle pourrait aussi subir un vote de défiance de l’opposition travailliste qui pourrait réussir et provoquer son départ en cas de soutien de députés conservateurs hostiles à un « no deal ».
Assez paradoxalement, cette incertitude autour du Brexit ou les inquiétudes sur l’état de santé de l’activité économique mondiale n’ont pas eu l’air d’émouvoir tant que cela les investisseurs.
La volatilité est ressortie en baisse sur la semaine (-2,8 points de pourcentage, à 13,71% pour le S&P VIX), ce qui a permis aux indices boursiers de dégager des gains hebdomadaires : Dow Jones + 1,67%, à 25,929 points ; EuroStoxx 50 +1,39%, à 3 352 points ; FTSE 100 +0,99%, à 7 279 points. Les investisseurs sont de plus en plus persuadés que le ton pessimiste des banquiers centraux s’accompagnera d’une détente plus forte des taux directeurs. Ainsi, soucieuse des perspectives économiques, la Banque centrale européenne (BCE), par la voix du Président Mario Draghi, a indiqué qu’elle était disposée à repousser encore plus loin la date d’un durcissement de sa politique monétaire.
Ce ton prudent des banquiers centraux a une nouvelle fois pesé sur les taux obligataires.
Aux Etats-Unis, le rendement du taux à 10 ans est revenu à 2,34%, soit un creux de 15 mois, avant de remonter. A 2,41% en fin de semaine (+5 points de base), le niveau du taux à 10 ans est ressorti légèrement au-dessus de celui à 3 mois (à 2,40%), mettant ainsi fin à l’inversion de la courbe. Cela suffira-t-il pour dissiper les anticipations d’une approche de la récession ? Ce n’est en tout cas pas les chiffres du PIB qui vont aider. En effet, la deuxième estimation des comptes nationaux américains a montré que le PIB n’a finalement progressé que de 2,2% en rythme annualisé, contre une progression de 2,6% initialement publiée. Et les perspectives s’annoncent moins reluisantes.