Comme il fallait s’y attendre, la demande de report de la date du Brexit par la Première ministre britannique, Theresa May, a reçu un accueil favorable. La nouvelle date de sortie du Royaume-Uni est désormais fixée au 31 octobre, jour d’Halloween. Au-delà de ce nouveau sursis, l’attention a surtout été portée sur les premières fissures apparues au sein des « vingt-sept », partagés entre les tenants d’une ligne plus souple – accordant aux Britanniques un report d’au moins un an de la date du Brexit – et ceux d’une ligne plus dure – opposés à toute extension sans projet alternatif crédible. Ainsi, en demandant une extension jusqu’au 30 juin, Theresa May a réussi l’exploit d’importer dans l’Union européenne l’impasse politique britannique.
De plus, comme le craignent les partisans de la ligne dure emmenés par la France, elle pourrait même reprendre la main si le Royaume-Uni pouvait peser sur les destins d’une Union qu’elle affirme vouloir quitter depuis l’activation de l’Article 50. Surtout que les domaines où ce pouvoir peut s’exercer ne vont pas manquer, allant du budget 2020 au choix des futurs présidents des principales institutions européennes (Banque centrale européenne, Commission, Parlement, Conseil).
L’autre camp a fait le pari que le spectre d’un non Brexit, qui deviendrait crédible si le Royaume-Uni participe aux élections européennes, finisse par pousser les parlementaires britanniques à voter le projet d’accord négocié avec l’UE. Or, à trois reprises, ce dernier a déjà été refusé par la « House of Commons » et une volte-face des députés les plus durs paraît peu probable. Autrement dit, nous n’en avons pas encore fini avec cette longue saga, ce qui a pesé sur les taux anglais (+10 points de base, à 1,21% pour le taux à 10 ans). En attendant un dénouement, le mal semble déjà fait à en croire le Fonds monétaire international (FMI) qui a revu à la baisse – pour la troisième fois en six mois – ses prévisions de croissance. Cela n’a pas nui longtemps à la progression des indices financiers qui ont poursuivi sur leur tendance haussière, soutenus par de bonnes enquêtes économiques en Chine et aux Etats-Unis. Cela a permis au S&P 500 (+0,51%, à 2 907 points) de surperformer les indices européens (EuroStoxx 50 +0,0%, à 3 448 points).
La publication d’un solde commercial chinois en forte progression en mars (passé de 40,1 à 326,5 milliards de dollars) a été vue comme un signe d’amélioration à venir de l’activité mondiale, ce qui a facilité la remontée des rendements obligataires. En Europe, le taux à 10 ans allemand est ainsi revenu en territoire positif (+6 points de base, à 0,06%). Mais la plus mauvaise performance au sein de la zone Euro est venue d’Italie où le gouvernement a été contraint de réviser de manière drastique sa prévision de croissance : de 1% à 0,2% pour 2019 et de 1,1% à 0,8% pour 2020. En écho à ce ralentissement, le déficit public est appelé à se dégrader, passant de 2,0% à 2,4% du PIB, un niveau précédemment jugé inacceptable par la Commission européenne.
La perspective d’un dérapage de la dette italienne n’a pas semblé inquiéter les investisseurs. L’euro s’est ainsi apprécié (+0,8% sur la semaine, au-dessus de 1,13 dollar). Il faut dire que la Banque centrale européenne s’est dite prête à ressortir tous les instruments de sa panoplie si la situation venait à se dégrader davantage. La monnaie commune a également été aidée par le report du Brexit, ce qui a favorisé les devises européennes par rapport au dollar. Sur le marché des matières premières, le pétrole poursuit sa remontée, aidé par l’amélioration des enquêtes chinoises. Sa progression atteint désormais 30% en 2019.