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Emission de CO2 : ça continue de chauffer !

Ce qui est décourageant c'est que les émissions aux États-Unis et en Europe augmentent également. Les conséquences climatiques sont catastrophiques.

Les alertes des scientifiques, les marches des jeunes pour le climat, les résolutions très médiatisées des gouvernants et des industriels n’ont malheureusement guère de résultats à l’encontre du réchauffement climatique : l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) vient de rendre public son dernier rapport le 26 mars, particulièrement alarmiste.

En 2018 la demande mondiale d’énergie a crû de 2,3%, répondant à une forte croissance économique. Or l’électricité produite pour y répondre est le plus souvent issue d’énergies fossiles, comme le charbon ou le gaz, qui contribuent au réchauffement climatique… Les émissions mondiales de CO2 liées à l'usage de l'énergie (pétrole, gaz, charbon, électricité renouvelable, etc.) ont ainsi de nouveau progressé en 2018 de 1,7%, à un niveau historique de 33,1 gigatonnes.

« C’est un cercle vicieux », explique Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, qui s’inquiète de la part toujours largement majoritaire des énergies fossiles dans la production d’électricité. « Il y a trente ans, la part des fossiles dans le mix énergétique mondial était de 81%. Depuis, malgré la baisse des coûts des énergies renouvelables, malgré les efforts fournis sur l’efficacité énergétique, cette part est toujours de… 81%. »

La Chine, l'Inde et les États-Unis sont responsables de 85% de cette hausse des émissions de CO2. Cette progression est en effet essentiellement due à la consommation de charbon en Asie pour produire de l'électricité. Et la situation est d'autant plus inquiétante pour l'avenir que les centrales à charbon y ont une moyenne d'âge de 12 ans, alors que leur durée de vie est d'environ 40 ans, pointe l'AIE.

Pour les énergies renouvelables, le bilan est en demi-teinte : certes, le solaire et l’éolien continuent de connaître une forte croissance, en augmentation de 4% dans la consommation mondiale. Cependant, malgré les baisses de coûts importantes et les évolutions technologiques, le rythme n’est pas assez rapide pour répondre à la fois aux nouveaux besoins et remplacer les énergies fossiles : le développement des énergies renouvelables ne couvre même pas la moitié de la croissance de la demande pour l’année 2018.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations-Unies (GIEC) a établi que les émissions mondiales devraient être réduites de près de moitié d'ici 2030 pour préserver une chance de maintenir le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius. Pour y parvenir, il faudrait mettre en œuvre des réductions annuelles extrêmement rapides des émissions.

De même si l’on observe seulement la part du charbon, l’AIE rappelle que, pour limiter la hausse des températures mondiales, il faudrait que la consommation de ce minerai baisse de 78% en un peu plus de dix ans. C’est tout le contraire qui se passe : les émissions liées au charbon continuent de progresser.

« La croissance des énergies fossiles est encore plus forte que celle des énergies renouvelables » a déclaré au Washington Post Rob Jackson, professeur de sciences du système terrestre à l'Université de Stanford. Il ajoute que peu de pays tiennent les promesses qu'ils ont faites dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat. « Ce qui est décourageant, confie-t-il, c'est que les émissions aux États-Unis et en Europe augmentent également. Les conséquences climatiques sont catastrophiques. Je n'utilise pas ce genre de mot très souvent. Mais nous nous dirigeons vers le désastre, et personne ne semble être capable de ralentir les choses. »

Daniel Kahneman, spécialiste de l’économie comportementale et prix Nobel en 2002, expliquait pourquoi le réchauffement échappe typiquement à nos mécanismes d’alerte : il est « distant, peu visible au quotidien et contesté », alors que, pour être prise au sérieux, une menace doit être « concrète, immédiate et irréfutable ». Ce constat semble malheureusement toujours d’actualité.