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Disparition de la biodiversité : une menace majeure pour la planète

Le « Jour du dépassement » de la Terre tombe cette année le 10 mai pour les pays de l’Union européenne […] En 1961 la date fatidique était le 13 octobre.

La biodiversité est le tissu vivant de notre planète. Sa disparition met en péril l’économie, le patrimoine culturel de l’humanité dans sa diversité, la sécurité alimentaire, et constitue une menace majeure pour la paix mondiale. En outre, la perte de la biodiversité touche de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables, aggravant ainsi les inégalités. La disparition du capital naturel est le second risque majeur auquel nous allons être confrontés dans les dix ans à venir, selon le Rapport annuel du Forum de Davos sur les risques planétaires. Pour Antoine Cadi, directeur de CDC Biodiversité « notre économie mondiale dépend à 40% de la biodiversité, dont 60% est directement menacée » explique-t-il en deux chiffres chocs.

Le WWF et le Global Footprint Network alertent sur le « Jour du dépassement » de la Terre qui tombe cette année le 10 mai pour les pays de l’Union européenne. Cela signifie qu'à compter de cette date, les Européens vont vivre à crédit en consommant plus de ressources que la planète n’est capable d’en générer. Ce « Jour du dépassement » tombe de plus en plus tôt chaque année. En 1961 la date fatidique était le 13 octobre.

Point d’orgue de ces différents constats alarmistes, et sept ans après son lancement officiel, la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), parfois surnommée « le GIEC de la biodiversité », a rendu publique le 6 mai dernier son « Évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques ». Ce rapport exhaustif de plus de 1 700 pages, fruit de trois ans de recensement et d’analyse de données par plusieurs centaines d’experts sur l’état de la biodiversité mondiale, a pour objectif d’interpeller les gouvernants pour engager à l’action plutôt qu’à la résignation : éviter le pire est encore possible, à condition de mettre fin à la surexploitation de la nature.

Ce sont ainsi « environ un million d’espèces qui sont déjà menacées d’extinction ». Cela, sur un total de 8,1 millions d’espèces animales et végétales, autrement dit, une espèce sur huit est en danger de mort. Plus de deux milliards de personnes dépendent aujourd’hui du bois pour leurs besoins énergétiques, et plus de quatre milliards se soignent par des médecines naturelles. Plus de 75% des cultures alimentaires, notamment de fruits et légumes, reposent sur la pollinisation. Et les milieux naturels, océans, sols et forêts, absorbent 60% des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Les écosystèmes sont également indispensables à la qualité de l’air, de l’eau et des terres.

L’un des intérêts majeurs du Rapport est de hiérarchiser les facteurs de la perte de biodiversité, tous imputables aux activités humaines. En tête (30% des impacts) arrive le changement d’usage des milieux naturels. En clair, la destruction et la fragmentation des habitats, dues en très grande partie à la déforestation au profit des cultures agricoles, des plantations de palmiers à huile ou de l’élevage du bétail, mais aussi à l’extraction minière, aux grands barrages hydrauliques, aux routes ou à l’étalement urbain.

S’y ajoute (pour 23%) l’exploitation des ressources naturelles – chasse, pêche, coupes de bois… – souvent avec des pratiques illégales. Arrivent ensuite, à égalité (14%), le changement climatique et les pollutions de toutes sortes, des sols, des eaux et de l’air, en particulier par les pesticides, les déchets industriels et le plastique. Les espèces invasives, dont la dissémination est favorisée par le commerce mondial, constituent la dernière des grandes menaces (11%). D’autres perturbations comme le tourisme jouent pour l’instant un moindre rôle. L’IPBES met ainsi en cause un modèle de consommation insoutenable. Au cours du demi-siècle écoulé, la production agricole mondiale a triplé et celle de bois brut a augmenté de 45%, tandis que le commerce international a été multiplié par dix.

Mais contrairement au GIEC qui proposait des objectifs clairs pour ralentir le réchauffement climatique – comme celui de ne pas dépasser les 2°C – le rapport de l’IPBES reste assez vague sur les solutions concrètes. La 15ème réunion de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique fixée l’an prochain en Chine ne devrait malheureusement pas aller audelà des bonnes intentions.