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INFO PARTENAIRE

Désastreuses statistiques…

Après dix années de croissance ininterrompue, l’économie américaine a mis fin à sa plus longue phase d’expansion.

Cela devait forcément arriver mais qui aurait pu imaginer une contraction de 4,8% en rythme annualisé de l’activité au premier trimestre 2020 ? Ainsi, plombée par les mesures de confinement mises en place en mars, la demande intérieure s’est effondrée (-5,6% en rythme annualisé), pénalisée par le nouveau recul de l’investissement et le plongeon de la consommation (-5,3% en rythme annualisé). Cela s’est traduit par un recul plus fort des importations par rapport aux exportations. D’où une contribution positive du commerce extérieur, ce qui est venu un peu égayer le portait global dressé par le Bureau of Economic Analysis.

Ce constat pourrait également s’appliquer à la zone Euro où le PIB est ressorti en chute libre (-3,8% sur le trimestre, soit un plongeon de 14,4% en rythme annualisé) selon la première estimation d’Eurostat. Tout n’est pas perdu pour autant puisqu’une épargne « forcée » s’est constituée, à 9,6% aux Etats-Unis, au plus haut depuis 2012. Cela pourrait être un puissant stimulant pour la reprise, une fois l’accès aux magasins rétablie. On comprend dans ces conditions pourquoi la perspective d’un déconfinement a enchanté les investisseurs, ce qui a soutenu la prise de risque en début de semaine. Cependant, très rapidement, les enquêtes décevantes sont venues rappeler la triste réalité des effets de la pandémie du Covid-19.

Ainsi, la barre des 30 millions d’inscriptions au chômage a été atteinte aux Etats-Unis ce qui pèse sur le moral des ménages, celui-ci continuant de s’effondrer : l’indice du Conference Board a perdu 31,9 points sur le mois, de 118,8 en mars à 88,9 en avril. Si on ajoute à cela le regain de tensions sur le front commercial entre les Etats-Unis et la Chine, on comprend pourquoi le recul de l’indicateur avancé ISM manufacturier a poursuivi sa contraction en avril (de 49,1 en mars à 41,5 en avril, au plus bas depuis avril 2009) pour s’établir maintenant à un niveau compatible avec une récession. C’est la raison pour laquelle les places boursières aux Etats-Unis, affaiblies également par des résultats d’entreprises décevantes, ont terminé dans le rouge (-0,2% sur la semaine pour le Dow Jones et le S&P 500), très en deçà des performances enregistrées en Europe (EuroStoxx 50 : +2,5% sur la semaine).

Ces sombres perspectives économiques obligent les banquiers centraux à rester sur le devant de la scène de manière permanente afin d’insuffler de l’oxygène dans l’économie et de rassurer les marchés financiers. D’ailleurs, la Banque centrale européenne (BCE) s’est dite déterminée à puiser dans sa panoplie tous les outils, habituels ou nouveaux, pour écarter tout risque de fragmentation de la zone Euro.

En effet, tablant sur une récession comprise entre -5% et -12% en 2020, l’institution monétaire européenne devrait prendre de nouvelles dispositions pour éviter une nouvelle crise de la dette. Cela devrait prendre la forme de rachats illimités de titres des pays les plus en difficulté comme l’Italie, l’Espagne ou le Portugal.

Cette disposition de la BCE, implicite pour le moment, explique la bonne performance des emprunts portugais (-26 points de base - pbs - à 0,84% pour le rendement du taux à 10 ans), espagnols (-19 pbs, à 0,77%) et italiens (-13 pbs, à 1,76%). Le ton adopté par la BCE semble avoir reçu les faveurs des investisseurs, ce qui a profité à l’euro qui a affiché la plus forte appréciation contre le dollar (+1,24%, à près de 1,10 dollar). Les autres hausses contre le billet vert ont été enregistrées par les devises liées aux matières premières. Ainsi, le pétrole a fortement rebondi : +20,5% pour le Brent, à 25,84 dollars le baril.

Karamo Kaba, Directeur des études économiques