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Des Nations-Unies aux manifestations citoyennes : le climat est partout !

Atteindre les engagements actuels conduirait à connaître une augmentation des températures de plus de 3°C d’ici 2100, chiffre bien supérieur à l’objectif de rester sous les 2°C.

Le Secrétaire général des Nations-Unies - Antonio Guterres - organise ce 23 septembre un Sommet spécial pour l’action climatique. Dans le même temps, il a exhorté pays et acteurs non étatiques à renforcer leur action dans la perspective de la COP26 qui aura lieu en 2020. Les pays tenus par l’Accord de Paris devront alors présenter de nouveaux engagements pour 2030 ainsi que des stratégies de développement bas-carbone à horizon 2050. Atteindre les engagements actuels (appelés « Contribution Déterminée au niveau National », ou CDN) conduirait à connaître une augmentation des températures de plus de 3°C d’ici 2100, chiffre bien supérieur à l’objectif de rester sous les 2°C et de tendre vers 1,5°C sur lequel l’ensemble des pays s’était entendu lors de la COP21.

Cette pression politique supplémentaire repose avant tout sur la mobilisation de la jeunesse. Mené par l’activiste suédoise Greta Thunberg, ce mouvement progresse à un rythme soutenu et se manifeste chaque semaine par des grèves scolaires et des manifestations organisées à travers toute la planète appuyées des médias sociaux (#FridaysforFuture). La pression se nourrit ensuite de l’engagement personnel d’Antonio Gutteres qui a placé ce Sommet sous le thème « une course que nous pouvons, une course que nous devons gagner » afin de rappeler aux chefs d’État l’urgence climatique.

Le week-end dernier, les pouvoirs publics, le secteur privé, la société civile, les autorités locales et les organisations internationales ont annoncé de nouvelles coalitions et ont présenté une série d’initiatives visant à accélérer la transition bas-carbone dans six domaines principaux : la transition énergétique ; la transition industrielle ; les infrastructures ; les villes et l’action locale ; les solutions fondées sur la nature ; la résilience et l’adaptation ; la finance climatique et la tarification du carbone. Trois thématiques additionnelles complètent ces enjeux : jeunesse et société civile ; moteurs sociaux et politiques ; atténuation. Ces trois axes font écho aux protestations et mobilisations citoyennes, aux inévitables tensions sociales et aux problématiques liées à la transition.

Le Secrétaire général fixe explicitement des objectifs ambitieux : mettre fin aux subventions aux énergies fossiles et ne plus construire de nouvelles centrales à charbon à partir de 2020. Il a également demandé à tous les pays de prévoir de ne plus émettre de CO2 d'ici 2050, soutenant ainsi l'interprétation la plus ambitieuse de l'Accord de Paris qui préconise « zéro émission nette » dans la seconde moitié du siècle pour accroître les chances de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.

Pouvons-nous être optimistes sur les réalisations du Sommet ? À ce jour, seules les Îles Marshall ont présenté une CDN pus ambitieuse. De plus, nous anticipons qu’à peine plus de 60 pays vont annoncer une amélioration de leur CDN, ces pays représentant moins d’un tiers des signataires de l’Accord de Paris, et ne comptant pas parmi les plus gros émetteurs. En l’absence des États-Unis, l’attente est grande de voir l’Union européenne (UE) se placer à l’avantgarde de l’action climatique internationale. Malheureusement, les États membres ont échoué à parvenir à un consensus sur une date cible pour atteindre « zéro émission nette » et, de ce fait, l’UE ne peut pour le moment ni montrer un engagement clair en faveur d’une CDN améliorée, ni fournir d’indications quant à la forme que prendra sa stratégie de long terme. Les annonces vont plutôt émaner des gouvernements des États membres qui ont déjà pris des engagements en faveur d’objectifs nationaux plus ambitieux, notamment la France et le Royaume-Uni qui se sont engagés à atteindre « zéro émission nette » d’ici 2050 sans avoir recours à la compensation internationale. Du côté des organismes internationaux, la Banque européenne d’investissement a décidé de supprimer tous les financements de projets liés aux combustibles fossiles d'ici 2020 et l'OCDE vient de publier un rapport confirmant que la mobilisation du financement climatique devrait effectivement atteindre 100 milliards de dollars d'ici 2020.

Il reste à espérer que les institutions internationales soient plus efficaces dans leurs démarches que les manifestants climatiques de Paris ce week-end où malheureusement les exactions de casseurs infiltrés au cortège ont focalisé les commentaires sur les dégâts et les heurts occasionnés au détriment du message de fond sur l’urgence climatique.