Dans cet espace, la rédaction d’ID n’exerce pas de droit de regard sur les informations disponibles et ne saurait voir sa responsabilité engagée.
© Shutterstock / Zolnierek
Info partenaire

Dans le dur...

On peut les prendre dans tous les sens mais le message envoyé par la plupart des indicateurs est celui d’un ralentissement du processus de rattrapage. Dans la mesure où la plupart des pays avancés, à l’exception de la Chine, ont choisit de relancer leur économie par la consommation, la recrudescence des cas de Covid-19 fait craindre un grippage de la reprise économique.

Dans ces conditions, alors que le consensus tablait sur une progression mensuelle de 1%, les ventes au détail aux Etats-Unis ont déçu (+0,6% en août après +0,9% en juillet, et surtout +8,6 % en juin et +8,3 % en mai), ce qui a conduit les investisseurs a « réduire la voilure ». En effet, faute d’accord au niveau du Congrès sur le prolongement des programmes d’aide arrivés à échéance le 31 juillet, on se demande comment la consommation américaine peut continuer à se maintenir.

Les dernières nouvelles concernant ces tractations politiques ne sont pas très encourageantes, surtout après le décès de Ruth Bader Ginsburg (avocate, juriste et juge américaine, membre de la Cour suprême des États-Unis). Il y a un grand risque que l’empressement du Président Trump à la remplacer à la Cour suprême accentue les rivalités entre les deux camps, ce qui va compliquer l’issue d’un compromis avant les élections de novembre 2020.

L’espoir des investisseurs reposait sur la Réserve fédérale (Fed). Mais cette dernière n’a fait aucune annonce nouvelle susceptible de soutenir les indices financiers. Au contraire, comme l’OCDE, elle a même revu à la baisse ses prévisions de croissance au-delà de 2020. On comprend mieux pourquoi, inquiets par ces sombres projections et par l’absence de mesures de soutien supplémentaires, le S&P 500 a baissé de -0,6%, pour s’établir à 3 319 points en fin de semaine.

Cette évolution de Wall Street n’a pas aidé les indices européens, surtout que la recrudescence des cas de Covid-19 dans plusieurs pays importants (France, Espagne, Royaume-Uni, Allemagne, etc.) va compliquer la poursuite du rebond. Le CAC 40 (-1,1% à 4 978 points), plombé par les valeurs foncières (recapitalisation d’Unibail-Rodamco-Westfield) et les bancaires, a ainsi sous-performé l’EuroStoxx (-0,7%, à 3 293 points).

Sur les marchés obligataires, la tendance est à la remontée des rendements du taux à 10 ans américain (+3 points de base - pbs - à 0,90%) suite à la flambée des cours du pétrole (+9,50%, à 40,8 dollars) après les annonces du ministre saoudien de l’Énergie Abdel Aziz ben Salman de réduire l’offre des pays membres de l’Opep et du fait des conséquences des ouragans sur la production de pétrole aux Etats-Unis.

Il faut s’attendre à une poursuite de cette tendance, surtout après le changement de stratégie de la Fed sur l’inflation. L’institution monétaire américaine se montre désormais disposée à laisser l’inflation dépasser sa cible de 2% pendant de nombreuses années. Elle a d’ailleurs relevé à la hausse ses prévisions d’inflation et ne s’attend pas à voir son indicateur PCE revenir à 2,0% avant 2023.

Cela signifie que les taux de la Fed ne sont pas prêts d’être relevés, avant au moins 2023. Des investisseurs commencent même à tabler sur une baisse des taux directeurs de la Fed en 2021. C’est ce qui explique l’appréciation récente de l’euro qui est revenu au-dessus de 1,18448 dollar en fin de semaine. Il semble qu’à l’approche des élections américaines, la Fed, sous la pression de l’Administration Trump, semble repartir à l’offensive en voulant surenchérir sur la stimulation monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).

Texte rédigé par Karamo Kaba, Directeur de la recherche économique