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COP25, symbole de la déconnexion entre l’urgence climatique et l’action politique

La 25ème Conférence des Nations-Unies sur le climat (COP25) s’est achevée le dimanche 15 décembre 2019 après deux semaines de débats pour aboutir quasiment à l’inaction, en contradiction totale avec son slogan très volontariste « Time For Action ».

Cette grand-messe, qui réunissait 25 000 délégués et ministres de 196 pays, s’est achevée en effet sur un accord a minima, malgré une prolongation inédite des débats de 42 heures.

Pourtant, les conférences des parties (« Conference of the Parties », soit COP) à la Convention des Nations-Unies sur le climat, tenues à un rythme annuel, sont à l’origine de la signature du Protocole de Kyoto en 1997 - qui a contraint les pays développés à réduire leurs émissions de CO2 - et de l’Accord de Paris en 2015. Celui-ci a fixé deux objectifs majeurs dans la lutte contre le dérèglement climatique : ne pas dépasser 2°C et, si possible, 1,5°C de réchauffement et mobiliser dans les pays développés 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour aider les pays en développement à faire face aux effets du réchauffement. Au-delà de ces deux faits d’armes, chaque COP annuelle depuis leur création en 1995 a essentiellement permis de… préparer la suivante. Force est de constater que le mécanisme onusien peut certes donner une impulsion mais non pas décider à la place des gouvernements dont la volonté politique fait cruellement défaut.

Depuis deux ans, le multilatéralisme nécessaire à l’action climatique est mis à mal par la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, respectivement premier et deuxième plus gros émetteurs. Il est également affecté par l’action des Américains qui, tout en sortant de l’Accord de Paris, parviennent cependant à imposer leurs conditions dans les négociations. Ainsi que par le travail de sape de certains pays comme le Brésil et l’Australie, particulièrement responsables de l’échec de la régulation des marchés carbone, ou celui de l’Arabie saoudite, qui dénigre systématiquement les rapports des experts scientifiques.

Malgré tout, les COP incitent chaque pays à déclarer tous les deux ans leurs émissions de gaz à effet de serre, elles suscitent une mobilisation de la société civile et concourent à une sensibilisation croissante de l’opinion. C’est la tribune de la COP24 de Katowice qui a permis à la jeune militante suédoise Greta Thunberg d’être entendue dans le monde entier. L’année 2020 sera donc cruciale car il s’agira pour les Etats de rehausser leurs plans climatiques avant la COP26, qui se tiendra à Glasgow en novembre. Cette promesse faite en 2015 constituera un test majeur pour la crédibilité de l’Accord de Paris.

Du côté des ONG françaises, on regrette le « désengagement » de la France à haut niveau. « Emmanuel Macron n’a pas daigné faire le déplacement à Madrid pour sortir les négociations climatiques du bourbier. Et aucun ministre français n’était présent lors de la phase politique finale des négociations » a dénoncé Clément Sénéchal, de Greenpeace France. Le premier ministre, Edouard Philippe, accompagné par la secrétaire d’Etat Brune Poirson, a fait un déplacement express à l’ouverture de la COP, de même que la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne.

Parmi les gros émetteurs, seule l’Union européenne (UE) a montré sa bonne volonté. Le Conseil européen a adopté une trajectoire à long terme ambitieuse : atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, un objectif auquel ne s’est toutefois pas ralliée la Pologne, encore très dépendante de son charbon.

Le poids est désormais lourd sur les épaules de la présidence britannique de la COP26 afin d’accélérer l’action. « Nous pouvons y parvenir. Nous devons y parvenir. Ce n’est pas une option, car il n’y a pas de planète B », a rappelé à Madrid Claire O’Neill, la future présidente de la COP26. « Le vrai danger vient quand les responsables politiques et les dirigeants d’entreprises font croire que des actions réelles se déroulent alors que, en réalité, rien n’est fait », a prévenu l’icône climatique Greta Thunberg.

François Lett, Directeur du développement éthique et solidaire