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Chiffrer le coût de l’inaction climatique

Le Rapport « Global Futures », publié le 12 février 2020 par le WWF - en partenariat avec le Global Trade Analysis Project de l’Université de Purdue et le Natural Capital Project de l’Université du Minnesota - révèle que le déclin de la nature coûterait près de 10 000 milliards de dollars d'ici 2050.

Les pertes économiques annuelles par secteur selon le scénario du statu quo se répartiraient ainsi :
• 327 milliards de dollars provenant de la dégradation des zones côtières, due aux événements extrêmes et à l'élévation du niveau de la mer 
• 128 milliards de dollars de pertes de stockage du carbone qui protège du changement climatique 
• 15 milliards de dollars en raison de la perte d'habitats pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs 
• 19 milliards de dollars en raison de la réduction de la disponibilité en eau pour l’agriculture 
• 7,5 milliards de dollars en raison de la perte de forêts et des services des écosystèmes forestiers.

Parmi les pays les plus impactés, les États-Unis figurent en tête, avec une perte de 83 milliards de dollars par an d'ici 2050. Viennent ensuite le Japon et le Royaume-Uni, avec respectivement des pertes de 80 et 21 milliards de dollars par an. Les principales causes de cette perte de PIB dans les trois pays sont constituées par l'augmentation des inondations, l'érosion côtière et la perte de défenses naturelles telles que les coraux et les mangroves, avec de forts dommages sur les infrastructures côtières et les terres agricoles.

La France, se place à la 10ème place parmi les pays les plus impactés, avec une perte annuelle de 8,4 milliards de dollars chaque année d'ici 2050, soit 173 milliards de dollars d'ici 2050.

Celle-ci a pour cause principale l'érosion des côtes (plus de 5 milliards de dollars) et la diminution de la production halieutique (plus de 2 milliards de dollars). Toujours selon le Rapport, c’est le secteur agricole qui risque d’être particulièrement touché par le déclin de la nature, notamment en raison de la raréfaction de l’eau et de la disparition des insectes pollinisateurs. Les prix des denrées alimentaires de base et des matières premières risquent donc d’augmenter annuellement d’ici à 2050 de 3% pour les fruits et légumes, de 4% pour les graines oléagineuses et de 8% pour le bois.

Les pays en développement seront également très touchés, notamment l'Afrique de l'Est et de l'Ouest, l'Asie centrale et certaines parties de l'Amérique du Sud, car la dégradation de la nature entraînerait de graves répercussions sur les niveaux de production, le commerce et les prix des denrées alimentaires. Les pays qui perdraient le plus, en pourcentage de leur PIB, seraient Madagascar, le Togo et le Vietnam, avec des baisses respectives de 4,2%, 3,4% et 2,8% par an d'ici 2050

L'étude montre toutefois que si nous agissons tout de suite au niveau mondial pour réduire notre empreinte écologique et notre impact sur la nature, il est encore possible d'inverser la tendance. Si nous parvenons à mieux gérer l'utilisation des terres pour éviter de nouvelles pertes de zones importantes pour la biodiversité et les services éco-systémiques, comme le suggère le Rapport dans le scénario « Global Conservation », les résultats économiques s’amélioreraient nettement, avec une augmentation du PIB mondial de 490 milliards de dollars chaque année par rapport au calcul du scénario du statu quo.

Ces chiffres impressionnants du WWF semblent même peu élevés par rapport à d'autres estimations, comme celles par exemple de Nicholas Stern, ancien vice-président de la Banque mondiale, qui estimait en 2006 la facture du réchauffement climatique à 5 500 milliards d'euros si rien n'était fait dans les dix prochaines années.

Si le chiffrage des montants en jeu laisse place à une indéniable incertitude, l'intérêt d'un tel Rapport est avant tout de pouvoir anticiper ces évolutions annoncées et de maintenir une pression sociale sur notre état du monde au début d'un processus de changement alors qu’il est encore temps de contrecarrer les catastrophes annoncées.