La situation, qui est difficile compte tenu du poids de l’Empire du Milieu dans de nombreux secteurs d’activité, pourrait se prolonger encore quelques temps. C’est en tout cas la grille de lecture que l’on peut faire de la forte baisse des indices boursiers sur la semaine. Ainsi aux Etats-Unis, le recul des indices a été important (-12,9% pour le Dow Jones, à 25 258 points), avec des séances dont l’onde de choc a entraîné de plus forts dégagements ailleurs dans le monde.
Au final, sur la semaine, l’EuroStoxx 50 a perdu 12,45%, à 3327 points. Outre ces dégagements sur les indices boursiers, c’est surtout le choc de volatilité qui a le plus surpris après le bond enregistré par l’indice Nikkei Volatility Index (+87 points de pourcentage, à 31,4%) ou par l’indice S&P VIX (+29,35% points de pourcentage, à 49,43%). Dans ces conditions, les investisseurs ont accordé peu d’importance aux statistiques. Que ce soit la bonne résistance de la croissance américaine – ressortie en deuxième estimation à 2,1% en rythme annualisé – ou le bond des ventes de logements neufs aux Etats-Unis (+7,9% en février, à 764 000). Il faut cependant raison garder comme semblent le montrer les ménages.
En effet, l’indice de baisse du moral des ménages, mesuré par le Conference Board (-0,9 point, à 130,7 points) est davantage le résultat d’une baisse de la composante reflétant la situation actuelle (-10,2 points, à 165,1) que celle de la composante relative aux anticipations (+5,3 points, à 107,8). Si cette analyse des ménages américains est juste, cela voudrait dire qu’un rattrapage devrait prendre place après ce choc d’offre intervenu suite aux confinements en Chine. Ce rattrapage serait facilité par une demande dont les fondamentaux restent pour le moment plutôt bien orientés (emploi, salaires, taux bas, crédits faciles), en plus des effets de la baisse des cours du pétrole (-13,87% pour le Brent, à 50,3 dollars) et de l’effondrement des taux longs (-0,55% pour le 10 ans allemand).
Il faudrait pour cela qu’on commence à observer rapidement des signaux d’amélioration accréditant l’hypothèse du caractère temporaire de l’épidémie du Coronavirus sur l’économie et qu’une action coordonnée des banques centrales intervienne. Ces deux facteurs sont les clés d’un retour au calme sur les marchés financiers. Nous pensons que la Fed ne va pas rester insensible à l’inversion de la courbe des taux qui s’est accentuée avec la baisse plus forte des rendements à longue échéance. Elle devrait agir en avril en abaissant d’au moins 25 points de base ses benchmarks afin que le rendement du taux à 3 mois (-11 points de base, à 1,45%) revienne au niveau du taux à 10 ans (-30 points de base, à 1,17%). Nous n’attendons cependant pas un tel agissement de la Banque centrale en zone Euro.
Dans ces conditions, la perspective d’une baisse du rendement du dollar a continué de peser sur le dollar dont le taux de change effectif a reculé contre toutes les devises (-0,64% sur la semaine, à 98,6 points). Parmi les devises gagnantes contre le billet vert, on trouve l’euro qui est revenu au-dessus du seuil de 1,10 dollar (+1,05% sur la semaine). Cette performance de la monnaie unique est à relier aux déclarations de Madame Lagarde, présidente de la BCE, qui écarté la baisse imminente des taux de son institution.
Karamo KABA, Directeur des études économiques