L'association HOP accuse l'entreprise HP d'avoir recours à l'obsolescence programmée, une pratique illégale.
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Justice

Obsolescence programmée : l’association HOP porte plainte contre HP

En France, l’obsolescence programmée est un délit. Mais selon l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée), certaines entreprises continuent de la pratiquer. Comme le géant du secteur de l’impression HP, contre qui l’association porte plainte.

Plus de 80 % de l’impact environnemental d’une imprimante est généré lors de sa fabrication. Or, selon l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée), le secteur de l’impression est devenu un symbole de l’obsolescence programmée, cette pratique des industriels qui consiste à réduire la durée de vie d’un produit pour pousser à son remplacement prématuré. "Chaque imprimante jetée prématurément contribue à l’épuisement des ressources naturelles et à la pollution", déplore l’association dans un communiqué. Même constat pour les cartouches, des consommables qui "pourraient être réutilisés » mais qui « sont souvent rendus jetables après un usage unique, par des marques qui se contentent de les recycler en tant que déchet plutôt que de permettre leur réemploi".

En France, l’obsolescence programmée est un délit depuis 2015. Après des mois d’enquête, l’association HOP a décidé de porter plainte contre l’un des géants du secteur : HP. Elle l’accuse notamment de "stratégies illégales, déloyales et agressives" pour pousser les consommateurs à acheter les cartouches d’encre neuves de la marque, et limiter l’usage de cartouches reconditionnées. "HP fait tout pour décourager les consommateur·ices d’avoir recours à des alternatives, pourtant légitimes au vu du prix des cartouches neuves de la marque et du droit français", constate-t-elle.

Jusqu’à 7500 € le litre d’encre

Plus grave encore, l’association accuse HP d’agir à distance pour bloquer les cartouches d’autres marques ayant servi plus d’une fois. "En l’absence de cartouches neuves de sa marque dans l’imprimante, HP pourrait même bloquer dans certains cas l’ensemble de l’appareil, empêchant l'utilisation du scanner qui pourtant ne requiert pas d’encre pour fonctionner", ajoute-t-elle.

Autres pratiques dénoncées : HP rendrait obsolètes des lots entiers de cartouches sous prétexte de "mise à jour" de celles-ci. Et l’entreprise réduirait progressivement la quantité d’encre dans ses cartouches tout en augmentant les prix. Des prix qui atteignent jusqu’à 7500 € le litre. "Un coût exorbitant comparé aux alternatives (cartouches compatibles ou reconditionnées), qui elles coûtent 30 à 70% moins cher que les cartouches HP neuves", déplore HOP.

"Alors qu’on parle de crise de pouvoir d’achat et de réchauffement climatique, il est scandaleux de voir de telles pratiques se développer sur le marché français et européen en toute impunité. Il est temps que l’entreprise HP cesse ses stratégies d’obsolescence programmée des cartouches", affirme Flavie Vonderscher, responsable de plaidoyer de HOP. D’autant que, selon l’Ademe, l'Agence de la transition écologique, les cartouches reconditionnées émettent jusqu’à 60 % de CO2 en moins que les cartouches neuves, et pourraient être rechargées trois à sept fois avant de devenir obsolètes. Pour alerter l'opinion et les fabricants, une pétition a été lancée par l'association. 

HOP n’en est pas à son coup d’essai. En 2020, l’entreprise Apple a été contrainte de payer une amende de 25 millions d’euros à la suite d’une plainte de l’association. Cette même entreprise est visée par une nouvelle enquête après une autre plainte pour obsolescence programmée et entrave à la réparation. Epson, autre acteur majeur de l’impression, fait également l’objet d’une enquête pour obsolescence programmée.