Jean-Baptiste Morel, Responsable de la recherche ESG chez Arkéa Investment Services.
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Les Green Bonds comme outil de financement de la transition énergétique

En décembre 2019, à la suite de son investiture à la tête de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen a annoncé vouloir lancer l’Europe vers un objectif, celui de la neutralité carbone d’ici 2050.

Plus de trente années se sont écoulées depuis la publication en 1987 du rapport Brundtland, présentant au monde la possibilité et surtout la nécessité de s’engager dans une démarche de croissance durable et soutenable. De nombreuses initiatives se sont succédées depuis, mais rien de comparable au projet proposé par la nouvelle Commission, le « Pacte Vert pour l’Europe ».

Cependant, les moyens nécessaires à la réalisation de ces objectifs sont importants et nécessitent la pleine coopération de l’ensemble des acteurs économiques, des entreprises aux Etats en passant par les marchés financiers. Ces derniers seront mis à contribution puisque seul un recours au marché peut permettre le financement de ce que Jeremy Rifkin nomme la « Troisième Révolution Industrielle ».

Les montants en jeu sont faramineux, la Commission estime ainsi dans sa lettre aux institutions du 14 janvier 2020 que pour atteindre l’objectif de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre que se sont fixés les Etats lors de l’accord de Paris sur le climat, 260 milliards d’euros d’investissements supplémentaires sont nécessaires chaque année. La protection de la planète a un coût mais c’est par une mobilisation de l’ensemble des parties prenantes que la transition énergétique sera une réussite, que les inégalités ne s’accroîtront pas et que la biodiversité ne disparaîtra pas.

S’engageant la première par la présentation du Pacte Vert en janvier 2020, l’Union Européenne va ainsi investir, au minimum, 1 000 milliards d’euros d’ici 2030, afin de financer la future croissance soutenable du continent. Les outils et les institutions européennes mobilisés sont nombreux mais le mécanisme principal sera l’émission d’obligations vertes par la Banque Européenne d’Investissement. De plus, l’Europe va publier en 2020 de nouveaux standards Green Bonds, de nouvelles règles qui inciteront les émetteurs et les investisseurs à se lancer sur ce marché. Ces standards seront directement liés à la Taxonomie Européenne visant à définir une activité verte, fruit des travaux du groupe technique d’experts sur le financement durable au printemps 2019, le Parlement européen et le Conseil de l’Europe. Une activité verte doit s’ancrer dans un projet de croissance soutenable et respecter quatre critères allant de la protection des droits humains à l’absence de risques pour l’environnement.

L’émission d’obligations vertes est la pierre angulaire de cette politique européenne de lutte contre le changement climatique. Le pacte vert représente donc une opportunité unique pour les investisseurs qui souhaitent s’engager pleinement dans le financement de la transition énergétique et de la protection de l’environnement. La révolution que va provoquer le Pacte Vert européen sur le marché des Green Bonds sera l’occasion pour les investisseurs de donner un sens à leurs placements.

Le changement est en marche, l’Union Européenne s’est engagée sur la voie de la transformation et va entraîner dans son sillage l’ensemble des forces vives de notre société. D’autres acteurs vont suivre ce mouvement initié depuis Bruxelles, tout d’abord les Etats mais aussi les entreprises qui vont devoir investir afin de répondre aux attentes de la Commission et du Parlement. Les Green Bonds sont une réponse concrète aux très larges besoins de financements qui vont être exprimés durant les prochaines années.

Par Jean-Baptiste Morel, Responsable de la recherche ESG chez Arkéa Investment Services.