Ahmed Kassmi, Directeur Adjoint Gestion & Recherche Thématiques Durables chez LBPAM.
©Julien Millet
Tribune

Covid-19, ou l’enjeu du développement des territoires (LBPAM)

La crise sanitaire actuelle a montré les limites de notre modèle économique basé sur des chaines d’approvisionnement complexes. Il est urgent de mettre en place un modèle plus soutenable, favorable au développement des territoires.

La crise du Covid-19 a mis en exergue la forte dépendance du monde vis-à-vis des moyens de production chinois. Au cours des 20 dernières années, ce pays est devenu le plus grand exportateur avec 13 % des exportations mondiales, notamment en produits manufacturés (20 % aujourd’hui contre 4 % en 2002). L’impact d’une telle concentration se ressent partout dans le monde : quand la production en Chine se contracte, cela a un effet domino sur toute l’économie mondiale.

La désindustrialisation de l’Europe explique également en partie l’ampleur de la crise actuelle. En effet, la pénurie de masques ou de réactifs pour les tests est due à des capacités de production locales insuffisantes. A noter par ailleurs que cette délocalisation massive a des effets significatifs sur le réchauffement climatique, le transport maritime en étant l’un des plus gros contributeurs. Selon le Parlement Européen, le secteur maritime pourrait représenter 17% des émissions mondiales de CO2 d’ici 2050.

Par conséquent, la relocalisation d’une partie de la production manufacturière, notamment de produits de base essentiels, pourrait avoir un double effet positif : mieux répondre aux besoins des populations lors de crises telles que celle du Covid-19, et diminuer les émissions de CO2 liées au transport de marchandises.

Grâce à leur traçabilité, de tels modèles contribueraient également à un meilleur contrôle du respect des standards sociaux, environnementaux et de santé qui sont de plus en plus importants pour les consommateurs. Ces derniers deviennent plus exigeants quant à l’origine des produits et à la manière dont s’organise le partage des bénéfices tout au long de la chaîne de production. Face aux enjeux écologiques, économiques et à une demande de produits locaux en forte croissance, certains groupes s’engagent dans une approche plus durable. Cette attitude qui ne peut être qu’encouragée.

Cette crise sanitaire et ses impacts économiques nous obligent à repenser notre modèle d’hyper-dépendance. Il y a urgence à mettre en place des modèles plus soutenables, favorables au développement des territoires. C’est tout le sens du pilier Territoires de la démarche novatrice GREaT* de La Banque Postale Asset Management. Celui-ci identifie les entreprises qui prennent en compte la dimension territoriale en matière d’emploi, d’approvisionnement et qui développent des produits et services accessibles aux populations locales. La Banque Postale Asset Management a été pionnière en intégrant, dès 2016, ces enjeux dans son approche d’investissement.

* GREaT : Gouvernance responsable, Ressources humaines et naturelles, transition Energétique & économique, développement des Territoires

Par Ahmed Kassmi, Directeur Adjoint Gestion & Recherche Thématiques Durables chez La Banque Postale Asset Management.