Bien que tous ces ODD ne soient pas actuellement investissables, nombre d'entre eux sont à l'origine de certaines des grandes tendances identifiées et sélectionnées par les investisseurs en actions thématiques, notamment en ce qui concerne le climat, l'innovation, l’éducation et les inégalités.
Le changement climatique et l'accroissement des inégalités avaient déjà un impact significatif sur l'économie mondiale, même avant le début de la pandémie de coronavirus, mais nous constatons aujourd'hui que les entreprises et leurs investisseurs reconnaissent que ces thèmes doivent être au cœur de leur stratégie, de leurs valeurs et de leur proposition commerciale. Les banques centrales ont également démontré une prise de conscience croissante de ces questions et les placent au cœur de leurs politiques. Lors du dernier symposium annuel, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a annoncé que la lutte contre les inégalités, plutôt que l’inflation, serait désormais au centre de l'analyse du marché du travail américain par la Fed. Quant à la Banque centrale européenne, les membres de son conseil d'administration semblent désormais considérer la lutte contre le changement climatique comme étant liée à l'objectif premier de l'institution, à savoir d'assurer la stabilité des prix. Le changement climatique figure désormais à l’ordre du jour de plus de soixante banques centrales et régulateurs du monde entier et cet enjeu devrait donc selon nous avoir une influence croissante sur l'élaboration de leurs politiques à l’avenir.
Bien que les ODD aient été initialement définis comme un modèle pour un avenir durable à la fois pour l’humanité et pour la planète, ils sont de plus en plus utilisés comme points de référence et indicateurs de la réussite d’une entreprise ou d’un secteur en termes d’impact ou d’amélioration de ses performances ESG. Les entreprises élaborent désormais leur cadre de reporting sur la durabilité à partir des thèmes couverts par les ODD, en raison de la dimension internationale de ces derniers et du consensus sur leur importance au sein de la communauté des entreprises et financière, ce qui permet aux investisseurs d'avoir un aperçu détaillé de l'impact de leurs investissements. Ajoutant à cela la promotion par le référentiel de Taxonomie européenne des activités durables et le Groupe consultatif pour l'information financière en Europe (EFRAG) d'indicateurs non financiers normalisés publiés par les entreprises, nous devrions disposer des indicateurs concrets, quantifiables, fiables et comparables nécessaires pour mesurer l'impact d'une entreprise, qu'il soit positif ou négatif.
Qu'est-ce que cela signifie pour le secteur des actions thématiques ? Il apparaît évident depuis l'élaboration des ODD que la plupart des tendances démographiques, technologiques ou environnementales mondiales sont motivées par la nécessité d'une action plus durable à long terme. Les Nations Unies avaient initialement fixé la date de 2030 pour l'Agenda pour le développement, mais les investisseurs commencent à réfléchir à l'avenir au-delà de cette échéance et à tenir compte de l'impact durable de leur investissement et des décisions prises par les entreprises dans lesquelles ils détiennent une participation. Les investisseurs thématiques doivent donc non seulement prendre en compte la manière dont les entreprises sont gérées et exploitées, mais aussi la manière dont elles contribuent à la progression continue de ces tendances mondiales en matière de durabilité. Lors du choix d'un univers d'investissement axé sur un thème spécifique, les facteurs environnementaux, la réduction des inégalités sociales et la durabilité du modèle d'entreprise des sociétés du secteur sont autant de facteurs qui rendent certaines entreprises plus propices à l’investissement que d'autres, ce qui, à son tour, devrait signifier que celles qui ont le plus d'impact ont des chances de prospérer au détriment de celles qui n'atteignent aucun des objectifs signalés par les ODD.
En adoptant une approche sélective de l’investissement, que ce soit sur le plan thématique ou en fonction d'autres mesures de durabilité, le secteur financier a un rôle à jouer en soutenant les mesures prises par les entreprises pour atteindre ces objectifs de développement durable. De cette manière, les investisseurs peuvent démontrer la valeur de leur stratégie d'investissement d'impact, en générant un impact social et environnemental positif et mesurable ainsi qu'un rendement financier stable pour leurs investisseurs, tout en induisant les changements nécessaires pour protéger la santé de la planète.
Par Vafa Ahmadi, Directeur des actions thématiques chez CPR Asset Management.