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En bref

Sortie des énergies fossiles: la finance française bien placée mais peut mieux faire

Les banques, assureurs et investisseurs français ont réduit leur soutien aux entreprises pétrolières et gazières, mais leurs politiques en la matière sont toujours insuffisantes, pointe mardi l'ONG Reclaim Finance dans un communiqué.

L'association qui lutte pour réduire l'empreinte carbone de la finance a évalué les politiques des 150 plus gros acteurs financiers dans le monde (60 banques, 30 assureurs et 60 investisseurs) en fonction de plusieurs critères dont l'arrêt du financement direct des nouveaux projets gaziers et pétroliers et l'exclusion des entreprises ayant des projets de ce type de leur portefeuille. Elle a compilé ses critères dans un outil en ligne nommé "Oil and Gas Policy Tracker". L'outil classe les institutions financières françaises parmi les plus avancées dans le désengagement des énergies fossiles: la Banque Postale en particulier, qui avait promis mi-octobre de sortir de toutes les énergies fossiles à l'horizon 2030, dispose des meilleures notes, tous critères confondus. "C'est la seule banque et institution financière qui a une politique robuste" de sortie des énergies fossiles, souligne auprès de l'AFP Clément Faul, analyste chez Reclaim Finance.

Sur le financement direct des nouveaux projets d'énergies fossiles, Crédit Mutuel obtient la deuxième meilleure note (8/10), après avoir annoncé en octobre l'arrêt "de tout financement de nouveau projet d'exploration, de production et d'infrastructure dans le pétrole et le gaz". Crédit Agricole et Axa figurent également dans le Top 15 pour ce critère, mais n'obtiennent que la note de 4/10 car leurs politiques ne prennent pas en compte toute la chaîne de production des énergies fossiles, selon l'association.

Plusieurs mauvais élèves recensés

"La place financière française figure parmi les meilleurs élèves... d'une classe de cancres", soutient Maxence Delaporte, chargé de campagne pétrole et gaz, cité dans le communiqué. En effet, seules cinq institutions financières sur les 150 évaluées (La Banque Postale, Crédit Mutuel, Commerzbank, Lloyds Banking Group et Natwest) restreignent leur soutien aux entreprises développant de nouveaux projets, les autres limitant juste le financement direct des projets, relève Reclaim Finance.

Alors que 74 des acteurs étudiés sont engagés dans une trajectoire de neutralité carbone, 20 d'entre eux n'ont par ailleurs adopté "aucune politique" pour limiter leur soutien au pétrole et au gaz. L'association estime pourtant qu'il s'agit de "LA priorité climatique", l'Agence internationale de l'énergie ayant estimé en mai 2021 qu'il fallait abandonner dès maintenant les projets d'exploration pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Après cette première publication du "Oil and Gas Policy Tracker", Reclaim Finance prévoit ensuite d'y inclure "200 institutions financières internationales supplémentaires".

Avec AFP.