L'Autorité des marchés financiers (AMF) régule la place financière française, ses acteurs et les produits d'épargne qui y sont commercialisés.
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En bref

L'AMF très critique envers le cadre réglementaire de la finance durable en Europe

Pour "préparer le monde de demain", l'Autorité des marchés financiers compte sur la mobilisation de l'épargne des Français et l'amélioration du cadre réglementaire européen pour relever les défis liés au développement de la finance durable.

Dans son rapport annuel 2021, publié mercredi, l'AMF souligne l'instabilité des marchés financiers, causée notamment par l'invasion russe de l'Ukraine, alors qu'il faudrait "accélérer les investissements pour préparer le monde de demain". Pour y parvenir, le gendarme boursier français identifie trois axes prioritaires: "mobiliser au mieux l’épargne des Français vers le financement des fonds propres des entreprises", "donner de la lisibilité et de la crédibilité à l'investissement durable" et "renforcer le cadre réglementaire européen".

Après un fort engouement des particuliers pour l'investissement boursier en 2019 et 2020, la participation aux marchés de nouveaux investisseurs individuelles "s'est confirmée", selon le président de l'AMF Robert Ophèle. Il avance que 3,1 millions de particuliers européens ayant effectué près de 30 millions d'euros de transactions en Europe au premier trimestre 2022, des chiffres triplés par rapport à mi 2018. "Il faut jouer sur cet intérêt des particuliers pour la Bourse et sur l'épargne salariale et l'épargne retraite", qualifiés de "vecteur extrêmement forts" pour la finance durable par le président de l'AMF qui souligne l'aspect de long terme de ces placements.

Un cadre réglementaire à revoir

En parallèle, l'AMF est très critique envers le cadre réglementaire de la finance durable en Europe: la taxonomie verte qui définit les investissements considérés comme respectueux de l'environnement "reste inachevée", les normes de comptabilité extra-financière ne sont pas "finalisées" non plus et le règlement SFDR sur la publication d'informations en matière de durabilité des produits financiers est "source de confusion". Sans parler des règles toujours en gestation à Bruxelles.

Parmi les offres d'investissement dits durables, "c'est la confusion la plus totale sur ce qui est vert et ce qui ne l'est pas, ce qui a des critères ESG ou non", relève Robert Ophèle. De plus, "décarboner les portefeuilles ne permet pas de financer automatiquement la transition vers une économie moins carbonée car cela oriente d’abord les flux de financement vers les activités déjà peu émettrices et, souvent, sans prendre en compte correctement les émissions des fournisseurs ou des clients", explique-t-il.

L'AMF attend toujours également la règlementation européenne des activités sur actifs numériques (projet MICA) qui encadrera notamment l'environnement des cryptomonnaies. Un cadre "d’autant plus nécessaire que le régime français d’enregistrement des prestataires sur actifs numériques montre ses limites", précise l'AMF.

Avec AFP.