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En bref

Les grandes banques françaises "premiers financeurs européens des énergies fossiles"

Les grandes banques françaises sont les premières au niveau européen à financer les énergies fossiles, malgré des engagements de neutralité carbone, a dénoncé mercredi l'ONG Reclaim Finance à l'occasion de la publication d'un rapport de plusieurs ONG sur le sujet.

Dans leur rapport annuel "Banking on Climate Chaos", sept ONG dont Reclaim Finance ont calculé le montant du soutien des 60 plus grandes banques mondiales aux entreprises productrices de gaz, de pétrole et de charbon en compilant les prêts, mais aussi les émissions d'actions et d'obligations. Elles estiment que les six banques françaises représentées dans le classement (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, La Banque Postale et Crédit Mutuel) ont alloué quelque 47 milliards de dollars auprès d'entreprises liées aux énergies fossiles l'an dernier.

"La France est le premier financeur européen des énergies fossiles et le cinquième mondial en 2021", a déclaré à l'AFP Louis-Maxence Delaporte, chargé de campagne à Reclaim Finance. Le montant est largement inférieur à celui estimé par les associations pour l'année 2020, qui était d'environ 88 milliards de dollars, soit près du double. En revanche, il est de 2% supérieur au montant estimé pour 2016, année de la signature des Accord de Paris. Depuis l'adoption de cet accord, "on ne voit pas de baisse structurelle des financements: on ne peut pas acter le fait qu'il y ait un changement de stratégie de la part des banques", commente Louis-Maxence Delaporte.

Des résultats disparates

BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole figurent en tête des plus gros financeurs français, selon le rapport, tandis que La Banque Postale et Crédit Mutuel sont considérés comme des "leaders montrant l'exemple" dans l'exclusion des énergies fossiles. Les six banques françaises ont pourtant toutes prises en 2021 un engagement de neutralité carbone d'ici 2050.

De son côté, la Fédération bancaire française dénonce des chiffres "fantaisistes" de la part des associations et assure qu'il "n'y a pas d'addiction aux hydrocarbures de la part des banques françaises". Elle rejette la logique d'exclusion "tous azimuts" des entreprises liées aux énergies fossiles et prône plutôt l'accompagnement des citoyens et des entreprises vers une économie moins carbonée."Les banques françaises se doivent de financer l'ensemble de l'économie qui aujourd’hui est carbonée", assure-t-elle, en ajoutant que les banques financent aussi "massivement les énergies renouvelables". Au niveau mondial, le rapport des sept ONG estime le montant des financements à 742 milliards de dollars en 2021, soit 1% de moins qu'en 2020 mais 2,5% de plus qu'en 2016.

Avec AFP.