Thomas Buberl, directeur général d'Axa, à l'occasion du Climate Finance Day le 26 novembre 2018.
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Analyses

Climate Finance Day : 5 annonces à retenir

Sortie du charbon, renforcement des politiques d'exclusion, neutralité carbone... Le Climate Finance Day a été l'occasion pour plusieurs investisseurs institutionnels de faire le point sur leurs stratégies en faveur de la transition énergétique. 

"Je demande aux banques, aux assureurs et aux gestionnaires d’actifs de prendre des engagements en vue de cesser le financement des mines et des centrales à charbon", a appelé de ses voeux le ministre de l'économie Bruno Le Maire le 26 novembre, à l'occasion du Climate Finance Day, événement international dédié à la finance durable qui s'est tenu pendant 3 jours à Paris. 3 jours dont ont justement profité plusieurs acteurs clés pour réaffirmer leurs engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Tour d'horizon. 

Axa renforce sa position 

Chef de file du désengagement du charbon chez les assureurs, le groupe AXA a annoncé lundi 26 novembre par le biais de son directeur général, Thomas Buberl, l'extension de ses politiques de responsabilité d'entreprise à sa nouvelle division, AXA XL, née de l'acquisition il y a deux mois de la compagnie américaine XL.

Cette décision implique qu'AXA XL "ne souscrira plus de contrats liés à la construction et à l'exploitation de centrales au charbon, de mines de charbon, d’activités d'extraction de sables bitumineux et pipelines associés, ou de forages en région Arctique", tandis que les activités liées au tabac et aux "armes controversées" seront également écartées. 

"De plus, AXA XL appliquera la politique d’exclusion d’investissements d’AXA, soit 660 millions d’euros de désinvestissement", précise le groupe, qui avait pris les devants ces dernières années en annonçant des désinvestissements massifs des entreprises dont le charbon représentait une part significative de l'activité. 

La Caisse des Dépôts muscle sa stratégie bas-carbone

Dans un contexte d'"accélération de sa stratégie bas-carbone", qui se traduit par une réduction massive de l’exposition de ses portefeuilles de placements financiers et par une sortie définitive du charbon dans les prochaines années, l'institution financière publique a annoncé, pour 2019, la fin des investissements -en direct ou via des fonds- dans les entreprises dont l’exposition de l’activité au charbon dépasse 10 % du chiffre d’affaires.

Elle a également indiqué qu'elle mobiliserait, via Bpifrance et la Banque des Territoires, 16 milliards d'euros de financements "dédiés à la TEE (Transition énergétique et écologique)" d’ici 2020. Sous forme de prêts et d'investissements, ces derniers devront permettre de "soutenir les projets ayant un impact positif sur le climat". Une somme qui représentera "22 % du total de leurs engagements de prêts consolidés sur la période".

CNP Assurances tourne le dos au charbon

Comme la Caisse des Dépôts, CNP Assurances a annoncé un durcissement de sa position vis-à-vis du charbon. La compagnie, qui indique avoir atteint son objectif de 3 milliards d'euros d'investissements verts en 2018, a fait savoir qu'elle n'investirait désormais plus dans "des entreprises dont plus de 10 % du chiffre d’affaires (contre 15 % auparavant) est lié au charbon thermique". CNP prévoit également de ne plus plus investir dans les entreprises les plus impliquées dans le développement de nouvelles centrales à charbon.

Il entend par ailleurs "abaisser de 20 % la consommation d’énergie de son patrimoine immobilier à l’horizon 2020" et "réaliser 5 Md€ de nouveaux investissements en faveur de la transition énergétique et écologique (TEE) à horizon 2021".

Natixis Assurances développe les actifs verts

Natixis Assurances a de son côté annoncé qu'il "consacrera chaque année près de 10 % de ses investissements à des actifs verts, avec un objectif de 10 % d’actifs verts dans le total de ses encours, au plus tard en 2030". Avec cet engagement, qui concernera l’ensemble de ses portefeuilles d’investissements (hors unités de compte), le groupe affirme vouloir "encourager et privilégier les acteurs économiques qui contribuent à la transition énergétique et écologique".

Les acteurs financiers peuvent et doivent contribuer à accélérer le rythme de la transition écologique et énergétique en orientant les flux financiers vers une économie durable. Natixis entend jouer pleinement son rôle pour relever le défi du changement climatique", François Riahi, Directeur général de Natixis.

La banque postale atteint la neutralité carbone 

Le groupe a annoncé sa neutralité carbone sur l’ensemble de son périmètre opérationnel "lequel inclut ses 16 filiales consolidées et prend en compte les déplacements professionnels et domicile-lieu de travail de ses collaborateurs". Il a également fait part de son ambition de poursuivre ses engagements à travers le "Fonds Carbone", un "mécanisme de monétisation interne de l'empreinte carbone", qui a permis de financer "46 projets internes visant à réduire les émissions de GES de la Banque ainsi que 4 projets externes à forte valeur ajoutée environnementale sur le territoire national". En 2018, le dispositif a accompagné deux projets, l'un visant à "préserver la forêt amazonienne en soutenant l’exploitation durable du bois au Pérou", l'autre articulé autour du développement de l'énergie éolienne en Inde. 

Reste à voir si ces engagements sont suffisants et s'ils seront suivis d'effets, alors qu'ONG et experts pointent régulièrement le rôle que doit jouer le secteur financier dans la transition bas-carbone. Mais également les manquements des acteurs concernés...