C’est une décision majeure que vient de prendre la Norvège, le plus gros producteur d’hydrocarbures d'Europe de l’Ouest. Vendredi 8 mars, le gouvernement a annoncé que le fonds souverain norvégien, plus gros au monde avec 1 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion, se désengagerait de certaines compagnies pétrolières, rapporte l’AFP. 7,5 milliards de dollars, sur les 37 milliards destinés au secteur pétrolier, seront ainsi supprimés. La proposition du gouvernement porte sur l’exploration et la production de pétrole et pourrait toucher 134 sociétés dans le monde, dont l’américaine Chesapeake, la canadienne Encanna ou encore la française Maurel et Prom. Elle ne concerne cependant pas les groupes de distribution ou de raffinage, épargnant les pétrolières telles qu'ExxonMobil, Shell, BP et Total.
Une décision plus économique qu'écologique
"Il s’agit de réduire et disséminer les risques encourus face à un recul permanent du prix du pétrole", a expliqué la ministre de la Finance Siv Jensen. La banque centrale norvégienne avait déjà conseillé de cesser le placement dans les valeurs pétrolières afin de limiter les risques financiers. 350.org, une ONG environnementale qui lutte pour le désinvestissement des énergies fossiles, a tenu à féliciter ce pas en avant : "La décision devrait être perçue comme une alerte rouge pour les banques privées et les investisseurs dont les actifs pétroliers et gaziers deviennent de plus en plus risqués et moralement intenables", a déclaré dans un communiqué Yossi Cadan, un responsable de 350.org. L'ONG estime cependant que l'engagement pris par le gouvernement n'est pas suffisant : "Le gouvernement norvégien propose au Fonds souverain de céder une partie de ses actifs pétroliers et gaziers afin de réduire les risques financiers, mais parallèlement, le gouvernement accroît le risque énorme d’impact sur le climat en continuant de soutenir des sociétés comme Exxon et Shell".