Peut mieux faire. Pour la seconde année consécutive, Novethic, la filiale de la Caisse des dépôts spécialisée dans la finance responsable, a fait le point sur les reportings climat et ESG des 100 plus gros investisseurs institutionnels français, dont la publication a été rendue obligatoire il y a trois ans par l’article 173-VI de la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Et les résultats, publiés jeudi 25 octobre dans l'étude "173 nuances de reporting : saison 2", montrent les limites de l'exercice.
Cette année, 17 des acteurs, représentant 1320 milliards d'euros d’actifs, soit 54 % des encours gérés par l'ensemble du panel, sont identifiés comme engagés, en raison de l'intégration du risque climat à leurs politiques d’investissement. 20 sont considérés comme "pionniers confortés", grâce notamment à l'apport "d’éléments montrant non seulement une meilleure compréhension de l’importance des risques climat mais aussi d’annonces de nouvelles exclusions", et 36 comme "nouveaux venus", à l'"ambition affichée variable", dont beaucoup de rapports "ne sont qu’une simple mise à jour de celui de l’an dernier". Enfin, Novethic distingue 27 "abonnés absents", contre 31 l'an dernier, ne répondant pas aux obligations de l'article 173.
"La seconde année d’analyse des rapports publiés par les investisseurs ne montre pas d’évolution majeure entre 2017 et 2018, même si les variations au sein de ces catégories témoignent malgré tout d’une amélioration de la prise en compte des dimensions environnementales et sociales dans la gestion des actifs détenus par ces institutionnels", indique l'étude.
Diversité de méthodologies
Dans le détail, 86 % des investisseurs s'étant pliés à l'exercice mesurent désormais l’empreinte carbone de leurs portefeuilles dans leur reporting, contre 74 % en 2017. Parmi eux, les acteurs engagés sont ceux qui vont le plus loin en intégrant cet indicateur à leurs axes de progrès ou leurs objectifs. "(Celui-ci) devient donc l’inévitable préambule à la mise en place d’une analyse climat, note Novethic, même si les méthodologies actuelles sont encore très imparfaites et peu adaptées au pilotage de la gestion financière."
Le taux de couverture de l’analyse ESG des portefeuilles a quant à lui progressé de 4 points sur une année, pour s'établir à 68 %. L'exclusion, et notamment celle du secteur du tabac, représente l'une des pratiques les plus rencontrées. Mais là encore, Novethic relève d'autres "stratégies de gestion ESG beaucoup moins claires", les termes best-in-class et intégration ESG englobant "en réalité des approches aux exigences extrêmement variables".
"Certains rapports 173 font clairement allusion au travaux européens en cours liés au plan d’action pour la finance durable de la Commission européenne, d’autres évoquent le projet de loi PACTE, une troisième catégorie s’engage à calquer leurs reporting sur les lignes directrices de la TCFD (Task Force on Climate-Related Financial Disclosure). Tous témoignent de la nécessité de clarifier la nature des obligations qui sont les leurs et des référentiels à utiliser pour monitorer les risques climat et l’intégration de critères ESG", conclut notamment le centre de recherche.
En attendant, et alors que l'horloge continue à tourner, les volumes d'encours alloués aux financements verts restent marginaux, tandis que la communication auprès des épargnants n'est toujours pas au point.