Faire réparer ses objets, acheter des aliments produits localement, opter pour des vêtements de seconde main... Ces dernières années, la prise de conscience croissante autour des enjeux liés au développement durable (entre autres) a poussé de nombreux Français à interroger leurs habitudes de consommation et à adopter des gestes et pratiques plus respectueux de l'environnement et de la société.
Malgré ces considérations, une dimension reste toutefois encore peu regardée par les consommateurs : l'empreinte carbone de leur épargne, et plus précisément celle de leur banque. Ces dernières, pourtant, ont une part de responsabilité et de pouvoir significative pour amener les changements nécessaires à large échelle pour atteindre notamment les objectifs fixés par l'accord de Paris. "Les banques sont au cœur de l’économie. Par les choix d’investissements ou de financements qu’elles font, c’est tout un modèle de société qu’elles façonnent", résumait ainsi récemment Oxfam.
Problème, malgré de nombreux engagements, les grandes banques sont aujourd'hui loin d'être exemplaires, selon les ONG. En 2020, Oxfam estimait par exemple que l’empreinte carbone des grandes banques françaises représentait près de 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière. "Au rythme actuel, les grandes banques françaises nous emmènent vers un réchauffement à +4°C d’ici à 2100, loin de l’objectif de 1,5°C recommandé par les scientifiques, au-delà duquel les conséquences des changements climatiques seront incontrôlables", détaillait alors Oxfam qui, avec Les Amis de la Terre et Notre Affaire à Tous, a assigné en février 2023 BNP Paribas en justice "afin qu’elle stoppe ses activités climaticides et prenne ses responsabilités en mettant en place au sein de son organisation une transition écologique ambitieuse et juste."
Selon la dernière édition du rapport "Banking on Climate Chaos" publié chaque année par un collectif d'ONG, les grandes banques françaises ont d'ailleurs été les plus grands soutiens à l'énergie fossile en Europe l'an dernier "en fournissant 15,7 milliards de dollars de financement aux 100 plus grands développeurs fossiles". "En 2022, les trois principaux soutiens européens des principaux développeurs d’énergies fossiles étaient le Crédit Agricole (US$ 6,1 milliards), BNP Paribas (US$ 5,5 milliards) et la Société Générale (US$ 3,4 milliards)", constatent les auteurs. Pourtant, "la quasi-totalité des 25 plus grandes banques européennes mentionnées dans le rapport se sont pourtant engagées, en tant que signataires de la Net Zero Banking Alliance, à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 suivant un scénario 1,5°C".
Des alternatives éthiques
Toutes les grandes banques françaises ne sont pour autant pas restées inertes face à ces défis. En 2021, la Banque Postale a par exemple été la première banque au monde à s'engager pour une "sortie totale des secteurs du pétrole et du gaz d'ici 2030" . Pour les Français, il peut pourtant être difficile de faire le tri entre les pratiques des établissements bancaires, regrette Oxfam : "Le modèle actuel des banques ne permet aujourd’hui pas aux client·e·s de savoir à quoi sert réellement leur argent. Notre argent, placé en banque, a donc un impact environnemental et social… sans que nous en ayons vraiment la maîtrise". Les Français sont pourtant en attente de davantage de transparence et d'impact lorsqu'il s'agit de leur argent. Selon une enquête récente du Crédit Coopératif, près de 7 Français sur 10 ne savent par exemple pas ce que leur banque fait de leur argent. En parallèle, 42 % d'entre eux estiment que le choix d’une banque peut avoir un impact sur la société.
Pour aider les épargnants à mieux comprendre l'impact de leur banque et les aiguiller vers des alternatives jugées plus responsables, différents outils en ligne ont vu le jour des dernières années. Par exemple Oxfam propose sur son site un outil pour calculer l'empreinte carbone de vos comptes bancaires. De son côté Reclaim Finance a lancé l'an dernier "Change de banque", un site "pour mettre son argent au service du climat". Celui-ci met notamment en lumière des banques "éthiques" telles que la Nef, Helios, ou encore Green Got, mais aussi des acteurs historiques tels que la Banque Postale, le Crédit Mutuel et le Crédit Coopératif.