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Environnement

Transition juste : quésaco ?

Inscrit dans le préambule de l’accord de Paris conclu en 2015, le concept de transition juste est aujourd’hui porté par des acteurs variés. Que recouvre cette notion ? Eclairage avec Julia Posca, sociologue et chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (Iris), à Montréal (Québec). 

Au cœur des débats lors du mouvement des "gilets jaunes", la question d’une transition équitable et juste a également animé les discussions pendant la COP27 qui a eu lieu l’année dernière à Charm el-Cheikh (Egypte). Interview avec Julia Posca, sociologue et chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (Iris), à Montréal (Québec), qui revient notamment sur les origines de cette notion. 

Pouvez-vous donner une définition de la transition juste ? 

C’est l’idée que face à la crise environnementale, il faut adapter les entreprises, notamment leur mode de production, pour réduire l’empreinte environnementale de notre économie. Mais il faut le faire tout en s’assurant de protéger les salariés. C’est une notion qui prend en compte à la fois des enjeux environnementaux et sociaux.  

D’où vient ce concept ?  

Cela remonte aux années 70, au moment où l’on prend conscience des effets négatifs du capitalisme. Aux Etats-Unis, le mouvement écologiste se mobilise à cette période-là pour réclamer un changement de modèle économique. Cela suscite des réactions de la part des mouvements syndicaux. Ils s’inquiètent des conséquences que cela pourrait engendrer sur les travailleurs et les travailleuses, notamment des industries les plus polluantes. Au même moment, des voix émergent pour dire qu’il est possible de transformer les entreprises tout en accompagnant les travailleurs et les travailleuses. Le concept de transition juste est donc né de cette conscience qu’il faut tenir compte des impacts sociaux de la transition énergétique pour ne laisser personne de côté. 

Comment cette notion a-t-elle évolué ensuite ? 

Le concept de transition juste a ensuite été intégré dans les grandes négociations internationales. Ces dernières années, l’idée que nous sommes tous égaux face à la crise climatique est remise en question. Pendant la COP15 à Montréal ou encore la COP27 à Charm el-Cheikh, les pays pauvres ont notamment réclamé davantage de justice climatique. On se rend compte qu’il y a des nations qui sont plus vulnérables face au changement climatique. Là encore, il faut tenir compte des enjeux d’inégalités de revenus et des inégalités sociales. 

Comment le mouvement des "gilets jaunes” a-t-il mis en lumière cette question d’une transition juste ? 

Le mouvement des “gilets jaunes” est né en réaction à la taxe sur les carburants. Même si cette mesure fiscale avait une visée environnementale – celle de réduire la consommation d’essence, elle est venue en réalité renforcée les inégalités. On a réalisé que les effets de cette taxe n’étaient pas les mêmes pour tous, notamment pour ceux qui n’habitaient pas dans les centres-villes ou qui dépendaient d’un véhicule pour aller travailler. C’est ici un contre-exemple de la manière dont il faut faire face au problème climatique. Cela met en lumière la nécessité de mettre en place des mesures écologiques qui tiennent compte des enjeux sociaux.  

A l’échelle mondiale, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que 5 millions d’emplois disparaîtront dans le secteur du charbon, pétrole et gaz d’ici 2050, quand 14 millions d’emplois pourraient être créés dans le domaine des “énergies propres”. La transition écologique représente-t-elle une menace ou une opportunité pour l’emploi ? 

En général, on voit encore la transition écologique comme une menace pour les emplois car certaines industries vont être amenées à se transformer, d’autres à décliner. On peut notamment penser à l’industrie du charbon. Pour éviter les pertes d’emplois et les changements brusques, il faut qu’il y ait une planification qui soit mise en œuvre. La transition juste implique également d’accompagner les travailleurs et travailleuses grâce à des mesures de requalification professionnelle. Mais on peut également voir la transition écologique comme porteuse d’opportunités. Des secteurs vont se développer, à l’image des transports en commun qui emploient beaucoup plus de personnes que les secteurs des énergies fossiles, notamment au Canada. 

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