Le nouveau plan d'adaptation de la France au changement climatique est attendu au "début de l'été", a annoncé vendredi le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.
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Environnement

Rapport du Giec sur le climat : et la France dans tout ça ?

Pertes de productions agricoles et viticoles, canicules meurtrières, inondations, montée des eaux... Le nouveau rapport des experts climat de l'ONU permet aussi de saisir les multiples impacts subis par la France.

La France n'est pas spécifiquement étudiée par le Giec, mais un chapitre entier du rapport de 3600 pages détaille la situation de l'Europe, mettant en avant quatre risques principaux : mortalité due aux canicules, impacts sur l'agriculture, pénurie d'eau et inondations. Des impacts auxquels la France n'est pas suffisamment préparée, selon une analyse publiée vendredi par des chercheurs de l'Ecole Normale supérieure, de l'IDDRI et de I4CE.

La politique nationale d'adaptation au changement climatique "reste cantonnée à des mesures sectorielles et des actions dispersées, essentiellement réactives et curatives, sans vision globale et sans prise en compte des co-bénéfices ou des risques de mal-adaptation", écrivent-ils.

Impacts déjà visibles en Europe

Selon le Giec, la sécheresse, les pluies excessives et la chaleur ont entraîné dans l'UE des baisses de la productivité des forêts, des récoltes et de l'élevage, en particulier des pertes sur le blé. Les pertes de récoltes liées aux sécheresses et aux canicules auraient triplé ces 50 dernières années.

Récoltes

Pour la France en particulier, selon une étude citée par le rapport, la production de maïs pourrait diminuer d'environ 2 % et celle de blé de 6 %, même si le réchauffement est limité à +2°C, objectif de l'accord de Paris.

Alors que la température est capitale pour le développement du raisin, le rapport note que dans de nombreuses régions viticoles du monde, la floraison, la maturation et les récoltes se produisent plus tôt. Une situation qui rend les vignes plus vulnérables au gel de printemps, comme en a témoigné l'épisode d'avril 2021 en France. Les vignobles de Bourgogne et de Champagne frappés par ce gel tardif intense ont enregistré plus de deux milliards d'euros de pertes, selon la profession. En raison du changement climatique, il y avait "60 % de probabilité" qu'un tel événement survienne en période de bourgeonnement, selon une étude du World Weather Attribution. L'accroissement des températures risque d'autre part de réduire la qualité des raisins et la production dans son ensemble, selon une étude citée par le Giec, et certaines régions comme le Bordelais pourraient devenir moins adaptées à la viticulture.

Canicules et incendies

Alors que le pays a subi des canicules intenses ces dernières années, avec un record de température de 46°C enregistré en 2019, ces épisodes de fortes chaleur vont se multiplier. Avec un impact sensible sur la santé humaine. Ainsi, selon une étude citée par le rapport, le nombre de morts provoquées chaque année par les canicules pourraient passer de 1500 à près de 5000 dans la deuxième moitié du siècle si le rythme des émissions de gaz à effet de serre se poursuit.

Avec la hausse des températures, le moustique tigre étend d'autre part sa présence en France, augmentant le risque de transmissions de maladies comme la dengue, le chikungunya et Zika. La biodiversité n'est pas non plus épargnée. Par exemple, les herbiers sous-marins de Méditerranée pourraient disparaître d'ici 2050 si les émissions ne baissent pas rapidement, selon le rapport. La chaleur et la sécheresse vont d'autre part alimenter les incendies de forêt, en particulier dans le sud de la France.

Inondations

Alors qu'un degré de réchauffement augmente de 7 % la vapeur d'eau présente dans l'atmosphère, provocant plus de précipitations, les menaces liées aux inondations pluviales sont importantes, à court terme. A plus long terme, les submersions marines (inondations de zones côtières lors d'événements météorologiques extrêmes) sont également appelées à se multiplier. Selon le Giec, le risque d'exposition à des submersions marines exceptionnelles (une tous les 100 ans) en France pourrait concerner au moins 500 000 personnes avec une hausse anticipée du niveau de la mer d'un mètre d'ici la fin du siècle, contre moins de 100 000 aujourd'hui.

Sports d'hiver

La durée et l'épaisseur de la couverture neigeuse dans les Alpes ont déjà diminué depuis les années 1960. Avec un réchauffement de +2°C et sans neige artificielle, il est probable que les opérations des stations de ski européennes de basse altitude soient interrompues, selon le rapport. Et avec +3°C, la neige artificielle sera "nécessaire mais parfois pas suffisante" pour la plupart des stations des montagnes européennes. Selon une étude citée par le rapport qui passe en revue 175 stations françaises dans les Alpes et les Pyrénées, seules 14 à 24 d'entre elles, selon les scénarios, pourront fonctionner avec de la neige naturelle dans un futur proche (2030-2050), et 83 à 116 avec de la neige artificielle.

Avec AFP. 

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